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Portrait M'hammed El Kourd,  photo tirée du livre de M Mohamed Lakhdar  Boubakar " majadif essafina fi macha'ikh oua fenèni bounna el madina"

Portrait M'hammed El Kourd, photo tirée du livre de M Mohamed Lakhdar Boubakar " majadif essafina fi macha'ikh oua fenèni bounna el madina"

Le professeur H'sen Derdour, photo tirée du livre de M Mohamed Lakhdar  Boubakar " majadif essafina fi macha'ikh oua fenèni bounna el madina"

Le professeur H'sen Derdour, photo tirée du livre de M Mohamed Lakhdar Boubakar " majadif essafina fi macha'ikh oua fenèni bounna el madina"

Partie 01- La fabuleuse histoire de Mhamed Ould El Kourd, chanteur et musicologue d’Annaba.

Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour.

L’EPOPEE DE M'HAMMED OULD EL KOURD.

De son vrai nom Benamara Mohamed, né le 02 aout 1895 dans le quartier « Dar Roumana, place d’armes ». Fils de Benamara Mostfa Ben Mohamed que l’on surnommait « El Kourd » parce que de petite taille et trapu. C’était un fabriquant de bougie pour cérémonies religieuses et fêtes. On a rapporté que M'hammed doit son sobriquet "El Kourd" à son séjour au Kurdistan Irakien, il n'en est rien, puisque le biographe H'sen Derdour l'a bien connu et côtoyé.

Notes : Mouats Hafid :

A cette époque là des débuts du siècle denier, à Annaba , les forums où on pratiquait la musique profane « le malouf » et religieuse « medh », c’était soit au niveau des Zaouias des confréries, dans les zerdas, mawssems des aissaouas, mawled ennabaoui, etc, ou dans les Maksourettes », petits clubs privés où des jeunes amateurs puisent les ressources que leur offre le malouf ⃰.

⃰ Malouf = genre de musique traditionnelle pratiquée principalement dans l’Est Algérien, qui se base en premier lieu sur les poésies nées en Andalousie musulmane : le mouwachah et le zedjel. Ces poésies sont classées dans des noubas par mode (Tab3), selon une progression rythmique des chants du lent au vif. L’orchestre malouf est très réduit, il se limite à un violon (souvent alto, autrefois c’était un rebab), un oud magrébin (genre kouitra, oud arbi ou ferkh) une flûte ( Djawaq, qui signifie= venue récemment) ; une zorna pour le mahjouz ( genre tiré du malouf), une derbouka, un tar et une naqqarat (deux petites timbales, tambourinées avec deux fines baguettes de bois). En réalité le malouf c’est la nouba, mais des genres sont issus de cette musique et ont donné naissance au « mahjouz » (qui signifie = mis à part, en dehors des textes andalous), d’un langage populaire et dialectal et qui se base sur un rythme vif et léger qui fait appel à la dance, très demandé dans les fêtes de mariages et de circoncisions. Les autres genres dérivés de la nouba sont les inqilabats, haouzi ( genre né à Tlemcen et réadapté au malouf), aâroubi, la qassida, les silssilets et aussi les innovations ou insertions étrangères, comme les valses et les mouwachahs charqi.

M'hammed El Kourd ; chanteur et instrumentiste décrivait lui-même ses débuts avec la musique :

Texte de H’sen Derdour :

« … Le matin de bonne lorsque j’y aller à la Maksoura (club musical privé), je me trouvais en présence d’instrumentistes, exécutants des airs de medh. On me demanda d’aller acheter des beignets et de passer ensuite au café « El Bey » (rue El Fida) pour commander du lait et du thé. Une fois cette course accomplie on m’autorisait à jouer du luth et du Djaouek (flûte). Mes premières tentatives avec ces eux instruments, ont été entièrement orientées vers le mahjouz et le haouzi, à cette époque mes chansons préférées".

A suivre…

Mouats Hafid, le 03 avril 2015.

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Partie 02- La fabuleuse histoire de Mhammed Ould El Kourd, chanteur et musicologue d’Annaba.

Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour.

L’EPOPEE DE MHAMMED OULD EL KOURD.

Les orchestres à Annaba avant les deux premières guerres mondiales, sous le contexte colonial.

Texte H’sen Derdour :

« … En cette époque du début du 20eme siècle jusqu’à l’apparition du solfège (1927) et la constitution du Mizhar El Bounni, société d’art dramatique et de musique, Annaba quoique surhabitée par la présence étrangère, était une ville au panorama vivant, coloré où la plupart des jeunes passionnés par l’amour du chant liturgique (religieux) s’adonnaient aussitôt après leurs activités quotidiennes à une préoccupation fort exaltante , celle d’assister dans les Zaouias (établissement islamique où l’on dispense un enseignement religieux, situé toujours à proximité du tombeau d’un Saint , wali ou fondateur de la mosquée, massala)à des leçons de mélodies, d’accords et de rythmes si importants dans le madh classique (chant religieux) et le malouf ( musique savante)… »

Notes Mouats Hafid :

Voici une preuve supplémentaire qui démontre que les Zaouia avaient joué un grand rôle de sauvegarde et de propagation du chant religieux mais aussi de la musique profane( qui n’appartient pas à la religion), comme le malouf. Autour des Zaouïas, des confréries tournent autour est où parfois les instruments de musique étaient tolérés même dan le madh. A l’image de la confrérie « El Hansala » de Constantine, d’où sont sortis beaucoup de musiciens, dont le luthiste et homme du malouf cheikh Abdelkrim Bestandji. Ainsi, les adeptes des confréries de la tariqa côtoyaient et parfois se confondaient avec les musiciens qui fréquentaient les cercles privés de musique, comme les Maksourattes, ou bien les foundoks (Hôtels de fortunes pour célibataires, où se regroupent des poètes, des musiciens, des éleveurs d’oiseaux et aussi des voyageurs de passage).

En l’absence de structures d’activités artistiques sous le joug colonial, puisqu' on donnait des subventions et moyens comme les infrastructures, que pour la communauté des colons. Aussi la loi de 1905 relative à la constitution de société n’était applicable qu’aux colons, ce n’est que plus tard que l’administration avait toléré des rassemblements mixtes, entre colons et autochtones musulmans, comme les équipes de sport. L es lieux comme les Zaouias et les cercles privées de musique étaient de véritables conservatoires pour apprendre la musique et le chant.

Voici les orchestres d’avant guerres à Annaba :

Texte H’sen Derdour :

1) L’ensemble du cheikh Mohamed Khammar ou Belkhammar, proche parent par allinacee d Mostefa El Kourd père de M’hammed. C’était un musicien à l’âme délicate, fidèle au goût andalous. D’origine turque, il transmettait à ses neveux Mostefa et H’sen une dextérité instrumentale et préciosité vocale héritées de son père Salah Belkhammar. 2) L’orchestre Mohamed Fergioui, un cheikh si épris de Malouf que lorsqu’on lui demandait d’interpréter une chanson légère, il quittait sa place pour ne plus y revenir. Son domaine, c’était la nouba et rien que la nouba. Se prêter à exécuter un air de dance populaire, était pour lui une sorte de Blasphème, la dégénérescence d’une soirée qui ne peut s’accommoder ni à l’art musical ni à la poésie. 3) L’ensemble Si Mohamed Beloucif, le maître du haouzi et du mahjouz qui a su donner à ces chants familiaux, ’jusqu’a leur plus haut degré de perfection et d’entrain. 4) L’orchestre de Si Mohamed Lanzèss. Celui-ci surnommé « chikhi » à cause de ces vastes connaissances était un multi instrumentiste. Son fils Hamdène Lanzèss sera plus tard le redoutable conçurent de Mhammed El Kourd. 5) L’ensemble Zaoui Said. Ce cheikh surnommé « Samanoune » en plus de la nouba était le seul à exceller dans le Zedjel, une forme de chants fortement rythmiques en relation étroite avec le malouf. 6) L’orchestre Bellaksiret Abdelkader, le doyen de tous ces cheikhs, dont la haute taille voutée ; l’admirable teint blanc de ces cheveux, lui attrait en dépit e son âge, la sympathie d’un auditoire connaisseur. Il avait été – parait-il l’élève du fameux compositeur Djaballah Ben Saâd né présumé en 1827, décédé vers 1860. Auprès de celui-ci et en tant que musicien choraliste, il s’était perfectionné à connaitre les modes et les règles qui régissent la nouba. Il nous faut aussi ajouter que Djaballah Ben Saâd avait mis en musique Haouzi dont un aroubi très en vogue « El Boughi ».

Notes Mouats Hafid :

El Boughi, ce chef d’œuvre qui a été chanté merveilleusement à notre époque par cheikh Mohamed Tahar Fergani , que personne après lui n’a pu lui donner cette âme, ce aâroubi est devenu un mythe , tellement la qassida et les personnages de Nedjma et de Djaabllah étaient interprétés et narrées différemment au point d’assister à plusieurs versions de cette édile à l’Algérienne, aussi romantique que celle de Antar et Abla ou de Roméo et Juliette, nous confondons encore entre un mythe et une réalité sur cette qassida.

Texte H’sen Derdour :

« Tous ces maloufdjis et autres amateurs virtuoses du luth ou du violon, tels les Snani, Largueche, Chaker, Abderahmane Benyacoub, attachés à la tradition de Djaballah Ben Saâd, rivalisaient de musique, poèmes et surtout l’élégance. Si l’on se place dans la pensée au début de ce siècle, combien cette élégance contrastait un train de vie parfois des plus aléatoires. Ils se distinguaient dans leur riche façon de S’habiller non pas par ostracisme, ni coquetterie, mais uniquement par prévention à l’égard de leur art ; et bien que certains fussent pauvres, une sorte d‘obligation professionnelle, une tradition héritée de leurs prédécesseurs, les obliger à s’habiller majestueusement d’un Kat et d’un kaftan luxueux, le plus souvent datant de l’époque paternelle. Ce costume avec une montre et chainette en or, accrochée au dessus d’une ceinture amarante, ou d’un Hezam en soie, étaient leur seule richesse. Aussi cet accoutrement inséparable de la possession d’un instrument de musique et d’une Sfina (textes otiques), occupait-il une place forte importante en cette sombre époque de représailles colonialistes et de misère restreignant toute condition de vie. … »

A suivre…

Mouats Hafid. Le 04 avril 2015.

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Partie 03 - La fabuleuse histoire de Mhammed Ould El Kourd, chanteur et musicologue d’Annaba.

Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour.

L’EPOPEE DE MHAMMED OULD EL KOURD.

Les maîtres du malouf qui avaient compté pour Mhammed El Kourd :

Texte H’sen Derdour :

« … vers l’âge de 16 ans le violon ne lui reste par un obstacle. Lorsqu’il s’en empare des notes sereines et pures s’en dégagent ; car se rendant compte de la position aléatoire de son père au sein d’un orchestre par rapport aux autres musiciens et ne désirant pas être un « occasionnel », il multiplie les contacts avec son proche parent Mohamed Benkhemmar auprès duquel il s’illustre dans l’art d’accommoder sa formation aux connaissances de ce maître. Encore mineur et jusqu’à l’âge de 19 ans, on le voit aussi prendre part en tant que luthiste-soliste au côté du cheikh El Fergioui à l’exécution d’une qadrilla⃰ malouf.

« … Je ne saurais –nous disait M’hammed El Kourd- sans gratitude oublier cheikh Mohamed El Fergioui qui m’a aidé à assimiler la précision du trait et la force expressive de la nouba, ce qui m’a permis de descendre davantage dans les profondeurs de la musique classique … ».

Notes Mouats Hafid : Qadrilla = dans le malouf, un petit chant intermède qui s’insère dans un haouzi avec des paroles où le chanteur semble se repentir après avoir pêché en chantant les femmes, l’alcool etc. : genre « hajou aâliya t’fakir ou bqit ouahdi b’rassi … » Dans la sanaâ, la qadria est exécutée à la fin d’une nouba sur le même mode, avec un mizane insiraf ne dépassant les 50 mesures pour tout le chant, paroles et réponse instrumentale (jouab).

A suivre …

Mouats Hafid, le 06 avril 2015.

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Partie 04 - La fabuleuse histoire de Mhammed Ould El Kourd, chanteur et musicologue d’Annaba.

Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour.

L’EPOPEE DE MHAMMED OULD EL KOURD.

« Première guerre mondiale (du 28 juillet 1914 au 11 novembre 1918) M’hammed Et Kourd au front, en premières lignes. »

Texte H’sen Derdour :

Cette carrière de musicien semblait définitivement assurée, quand soudain le 04 août 1914 _ M’hammed était âgé de 19 ans et 2 jours _ par une nuit du mois de Ramadhan (veille du 15eme jour) au moment où l’semble des orchestres célébraient la solennité de cet événement, un bateau de guerre « le Breslan » vint bombarder Annaba en même temps signifier à la population la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France. Le lendemain et jours suivants, des jeunes musulmans qui étaient allés à leur travail ne reviennent plus jamais chez eux. On les avait accueillis à même la rue, aux terrasses des cafés_ maures, puis à coups de crosse traînés jusqu’à la caserne ; tandis que les escouades de gendarmes se déplaçaient de maisons en maisons pur incorporer de force ceux qui se cacher chez leurs parents.

- « … Moi, Mhammed El Kourd, un jeune homme rétif, un simple musicien n’ayant pour armes que l’archet du violon ou le plectre du luth me métamorphiser en soldat prêt à tuer ou à me faire tuer, servir de chaire à canon pour une affaire qui ne concerne que les Français et les Allemands, que Dieu men préserve ! je me suis alors caché dans la maksoura (local privé de musique) de « Petit Kara » à même une impasse de la rue Thomas Garcia, espérant échapper à l’ordre de mobilisation générale, quand même affolé par les agressions que subissaient les familles musulmanes… Moins de quelques nuits plus tard, j’étais endormi derrière mon piano, lorsque des coups de cross semblables à des grondements de tonnerre me réveillèrent… » « Sors de là, toi un gaillard, costaud comme hercule, tu n’a pas honte de te cacher… allez ! vient ! on fera de toi un bon officier de l’armée Française, on te donnera même un uniforme de général… me dit le brigadier en se moquant de moi et en me bousculant hors e la maksoura".

Une semaine plus tard, sans avoir eu la moindre formation militaire, ni entraînements ni exercices, on lui fit traverser la méditerranées avec des ouvriers, des fellahs, beaucoup e gens mariés, pères e familles qui comme lui transformés en soldats, vêtus de Kaki , coiffés de cette fameuse chechia rouge du « tirailleur Algérien » avaient été capturés dans la ferme d’un colon, ou dénoncés par l’état civil communal ou par le Kaid du douar.

Quatre années durant, toujours en premières lignes, M’hammed El Kourd, soldat de première classe participent aux grandes batailles de la Somme, de l’Aisne, la Marne et celles plus hideuses de Verdum. Plus d‘une fois les derniers carrés de son régiments entièrement exterminés, plus ‘une fois, il en sort sans la moindre blessure, ni égratignure.

- « … Je n’ai jamais fait preuve de qualités courageuses. J’avais toujours la trouille, cependant lorsque je sentais l’imminence du danger, je ne perdais pas ma lucidité. Je me faisais conduire à l’hôpital avec les genoux et les chevilles « comme ça » grâce à un truc que j’avais appris à l’école, d’un élève fuyant la classe , mettant à profit les crottes de bœufs ou de mulets sur une incision faite avec un instrument tranchant. La plaie contaminées par des germes infectieux devenait si enflammée et puante de quoi alarmer le médecin, le plus averti. Non seulement cette

supercherie m’a aidé à rester à l’arrière des premières lignes pendant un certain temps, mis encore permis de retrouver er mes activités de musicien. L’hôpital, loin des tirs de canons, étaient en réalité une église transformée en ambulance avec des lits de camps, des blessés et bien entendu il y a avait un tribune d’orgues, ces instruments de musique proches du piano très en vogue en Afrique du nord. Je m’installais en abandonnant mes béquilles et interjeter en sourdine des airs sur le mode Zeidène, tirés du chef d’œuvre de Saint Saèns « Les Barbares », une musique d’inspiration Algérienne, attentivement suivie par les convalescents à la grande satisfaction du service sanitaire, en profitais pour prolonger mon séjour… ».

A part ces instants de répit, quatre années durant, Mhammed eut à connaitre les dimensions d’un drame horrible et autant que les 300 000 Algériens incorporés dans l’armée française , fut exposé aux affres d’une hystérie apocalyptique opposant deux ennemis héréditaires franchement sanguinaires.

Que de fois fut il entraîné dans des combats tournants aux corps à corps. Il se battit à la baïonnette, à coup de crosse alors que les mitrailleuses et les canons se livraient des duels farouches et que les flammes et nuages asphyxiants le poursuivait d’une tranchée à l’autre. Quatre années durant, chaque matin, au milieu es cadavres et des blessés hurlant leur douleur, il se disait « Aujourd’hui c’est mon tour » .

Note Mouats Hafid :

Ainsi donc, M’hammed El Kourd a été mobilisé de force très jeune en plein mois de Ramadhan. Durant 4 longues années il avait sillonné les frontières avec l’Allemagne en guerre contre la France et miraculeusement il a eu la vie sauve. Il avait trouvé quand même l’opportunité la bas de jouer de la musique.

A suivre …

Mouats Hafid, le 09 avril 2015.

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05 - La fabuleuse histoire de Mhammed Ould El Kourd, chanteur et musicologue d’Annaba.

Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour.

L’EPOPEE DE MHAMMED OULD EL KOURD.

L e sergent « M’hammed Ould El Kourd en Allemagne, en Turquie puis en Syrie et en Egypte. »

Note : Mouats Hafid :

En lisant ce paragraphe nous comprenons mieux les tendances suivis par ce musicien et chanteur exceptionnel. Éclectique en musique, perfectionniste, voyageur et par son statut de militaire sous l’uniforme français, il voyage, il cherche les cercles où la musique est présente, celle des peuples qu’il a connu, puisque il a longuement séjourné dans certains pays pour s’imprégner de leurs cultures musicales. Il apprend l’Allemand et s’engouffre dans la chanson de ce pays, il exécute avec le piano des pièces du classique universel, chante aussi en Français, des valses, rumba, des ballades etc. Son séjour en Turquie, Syrie puis l’Egypte lui a ouvert le monde secret des combinaisons de la musique modale orientale, avec les maqamats, les taqsims, samai, pechrev ou bechref ( Bachraf au Maghrèb arabe). Il abandonne pour un moment son oud maghrébin à 4 cordes avec accord renversé ( embrassé) qui lui donne l’âme de son malouf, pour le remplacer par le oud charqi, instrument indispensable à la production des micro intervalles (les quarts de tons) qui forment cette spécificité de la musique modale, partagée par les orientaux et qui se démarquent de la musique occidentale, à gammes pourvu uniquement des tons et demi tons, qui sont les modes majeur et mineur. Se sont ces deux modes qui lui donnent à M'hammed El Kourd la possibilité de jouer son malouf avec le piano. Les Touboues (modes andalous) justement sont à gammes tempérées avec tons et demi- tons. Ainsi, le nahawend, le hijaz, le kourd, naw atar , nekriz, le âjeme âchiren, hijakar , hijaz kar kourdi et d’autres maqams du moyen orient , s’accommodent bien dans le clavier du piano et s’amalgament harmonieusement avec nos modes andalous :Zidane, Sika, rhaoui,(sihli), mezmoum, raml maya, mhayar, raml, dil, hsine, moual, aârak, djkarka, ghrib. Voilà d’où émanent l’improvisation avec istikhbarats et les échappées de doigtées sur piano du sergent M’hammed El Kourd. Celui qu’on lui attribua une ressemblance frappante comme le sosie du général américain Dwight Eisenhower lorsqu’il est en uniforme de militaire. (Ceci est une autre anecdote qu’on va lire dans la suite de ce merveilleux récit biographique).

Texte H’sen Derdour :

Dès le 11 novembre, jour de l’armistice mettant fin à cette guerre mondiale, M’hammed El Kourd sain et sauf devenu sergent, au lieu de rentrer en Algérie, on donnait ordre à son régiment d’aller faire de l’occupation en Allemagne. Son séjour à Sarrebruck dans la Sarre puis à Mayence en Rhénanie, sa fréquentation des milieux artistiques, l’habilité technique de donner des concerts au piano ou à l’orgue, son effort à assimiler la langue de Goethe qui lui paraissait bien vivante, si vivante au pont de faire son propre langage, toutes ces heureuses coïncidences lui permirent de s’adapter à la musique lyrique Allemande et à s’inspirer d’elle pour la composition de quelques splendides ouvertures et des variétés qui répondaient aux sentiments t aux tendances de la musique classique universelle.

Pendant trois années dans ces deux villes, sans rompre avec le malouf dont il connaissait la valeur et même la grandeur par rapport à cette musique universelle, il vécut, , le jour dominé par la vie militaire , tandis que la nuit avec l’autorisation de ses chefs devenus ses admirateurs, il se faisait le plus original et le plus charmant pianiste à chanter en langue allemande , à créer l’ambiance, la joie et le bien être.

1921, une année bénie pour sa carrière, M’hammed El Kourd , toujours militaire est envoyé avec son unité en Turquie. Là ses connaissances musicales lui permettent de s’introduire dans les milieux artistiques et d’apprendre à jouer ech-charki, un instrument à douze cordes , absolument différent du luth algérien, mais admirablement accommodé aux lignes et dispositions des quarts de ton et des fractions les plus sensibles. Il y découvre des modes inconnus en Afrique du nord, entre autre le nahawand dont la gamme dépourvue de ces petites fractions de ton peut être interprétée au piano. Elle correspond à celle di Do Mineur harmonique.

1922, muté en Syrie avec son régiment M’hammed El kourd y resta plus d‘une année, non pas dans la caserne avec corvée et exercices, mais quelque part en tant qu’ordonnance affecté aux services du courrier. Dès sa tache quotidienne emplie, il était libre de se rende là où il voulait, courait d’un bout à l’autre de Damas à la recherche des milieux artistiques, où il était reçu à bras ouverts. Auprès deux il s’inspira de la musique arabe purement classique, leur emprunta les Mouwachahts, Ad- douar, takassim El Layali, et de puissantes envolées vers les « sammai » grâce à l’utilisation de son luth oriental.

  • « … à Beyrouth, j’ai eu la chance d’assister à une féerique soirée, certainement la lus belle durant ma présence en Chan. Je ne connaissais que le de noms la chanteuse égyptienne Wahida et son chef d’orchestre Mohamed Kassabji qui étaient de passage dans cette ville. J’ai été émerveillé de la manière dont ce compositeur usait de son qanoun (Cithare) et d’un luth projetant es ondes si proches les unes des autres que cela atteste une perfection de virtuosité jamais atteinte… Aujourd’hui il est compositeur et chef d’orchestre ‘Oum Kaltoum… » Nous disait M’hammed vers la fin des années trente.

1924, le passage en Egypte pour être rapatrié en Algérie et pendant plusieurs semaines ans l’attente d‘un ordre d’embarquement, M’hammed El Kourd qui n’espérait pas mieux et avait de juste raisons d’approfondir ses connaissances en Mouwachahts si proches du malouf, eut le temps de fréquenter les cafés_ concerts qui jouissaient alors de la vogue à Alexandrie et au Caire. Il fit connaissance avec Ali Derwiche, Salah Abdelahai, le ténor juif Zaki Mourad et Zakaria Ahmed. « … je me mêlais à eux et je réussissais à me faire applaudir lorsque, au piano j’interprétais quelques draj de chez nous ».

Au cours e ce séjour ; sa flamme musicale croit nettement surtout au fait que certains modes inconnus en Afrique du nord, tels hijaz_kar kourd, d’origine européenne, excellent à être interpréter au piano. « … plus tard j’ai pu introduire des ouvertures compétitives avec les productions tunisiennes ... ».

« … Oum Kaltoum, je ni eu qu’une seule fois le bonheur d’apprécier en même temps sa voix qui atteint le sublime, traduisant sur le plan de la virtuosité, de rayonnantes et magnifiques poésies, et son fameux ensemble accentuant la ferveur, l’élan et la concentration de cette « diva », notamment dans un fameux kassid « Mali foutintou bi lahdiqui El fataqui » aujourd’hui si populaire en Afrique du nord… Elle avait auprès d’elle, si je m’en souviens, en tant qu paoliers les poètes abou El âla Mohamed et Ahmed Sabri et ce n’est plus tard qu’elle a u pour thèmes, les kassaids de l’Emir des chouara Ahmed Chawki-Bey et de Ahmed Rami et pour musique, les compostions de Mohamed El Kassabji.

« … C’est grâce à Oum Kaltoum que la musique classique arabe conquiert véritablement son droit de cité partout dans le monde musulman… ».

A suivre …

Mouats Hafid, le 12 avril 2015.

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Partie 06 - La fabuleuse histoire de Mhammed Ould El Kourd, chanteur et musicologue d’Annaba.

Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour.

L’EPOPEE DE M'HAMMED OULD EL KOURD....

M’hammed ould El Kourd enrichi le malouf :

Note Mouats Hafid : Voici une analyse vraiment étonnante, novatrice et précurseur du maître M’hammed El Kourd sur le malouf qui subissait des influences arabo-méditerranéennes. Il me semble que c’est par rapport à cette lucidité, à sa participation au congrès du Caire de 1932, en plus de toutes ses rencontres avec de grands musiciens et musicologues du moyen orient ou orientalistes comme le Baron Erlanger, qu’on l’avait qualifié alors de « musicologue » en plus de sa fonction de « chanteur et instrumentiste ».

Texte H’sen Derdour : « … Il nous faut comprendre- disait M’hammed El Kourd – que le malouf n’est pas un art à part. Il est indissolublement uni aux autres formes de la musique méditerranéenne et arabe, toutes tributaires les unes des autres. Le laisser isolé dans l’état où il se trouve et faute de rénovation, il finira par perdre sa vitalité. D’ailleurs, combien de noubas, nous en reste-il ? À mon avis, il nous faut faire des emprunts pour enrichir notre art musical, tout en tenant compte de la nationalité du style algérien. »

Note Mouats Hafid : Ainsi, M’hammed El Kourd était partisan de l’emprunt d’autres musiques étrangères et tout en respectant la spécificité algérienne. Si son orchestre renferme un piano qui jugé non dénaturant de l’orchestration traditionnelle, d’autres instruments de l’occident n’ont pas été toléré, par exemple le strident timbre du banjo et les cuivres comme les trompettes, saxo etc. L’oud maghrébin a été maintenu, qu’on désignait sous le nom de « Kouitra « à cette époque-là et non de « oud arbi », terminologie intruse récemment dans le milieu malouf algérien. La flûte courte ou f’hal est une dominante dans l’orchestre malouf, aussi l’imposant violon alto qui reste incontournable et enfin la derbouka et tar, percussions par excellence dans tout le monde arabe, turque et perse.

En plus des techniques de jeu à l’occidental avec son piano ; Mhammed El Kourd insérait des rajouts dans le chant malouf, comme les expressions turque ou arabe du genre : « amane ! amane ! » « Ya lalane » « ya lil ya lil » « ya âine » ou bien les prolongements des syllabes « la la la » ou « noune » style « goultoulhoum qui devient goultoulhounounoum » ; en plus des rajouts qui existent dans la musique andalouse qu’on désigne sous le nom des « taranoumets » et des « taratilelel », « talitala » etc. Ces astuces sont utilisées pour compléter les phrases poétiques, car souvent en emprunte une poésie pour l’insérer dans une autre mélodie d’une autre chanson.

L’apport toléré aussi dans le malouf, ce sont les maqamets arabe qu’on amalgame avec les toubouês andalous : comme le zidane qu’on retravaille pour le marier avec le hijaz oriental, ou bien notre rahaoui sihli avec le nahawend, le ajem avec notre mezmoum et aâraq etc. Au niveau des rythmes, à cette époque il n’hésite pas à introduire des latinos comme la rumba et les valses à l’occidental.

A vrai dire, cette façon de revoir le malouf dans son ensemble et non la nouba qui reste une structure stable avec ses cinq mouvements et non apte aux innovations (les chouyoukhs anciens tenaient à cette rigueur et au respect de la tradition), est encore de mise de nos jours, même si elle n’est pas instituée par consensus. On voit bien les nouveautés, dans l’exécution, dans l’insertion d’autres instruments (même parfois le gênant clavier synthétiseur, la clarinette, les guitares etc) et aussi dans la façon de chanter.

De nos jours, on a eu aussi l’audace mais rarement de composer dans le genre andalous avec ces trois styles « ou écoles » et même des noubas. A l’image de ce qu’ont fait Noureddine Saoudi avec sa « nouba dziriya », sujet à une grande polémique et d’autres tentatives, comme les noubas de M Boughandjioua de Skikda et M Boukledera de Constantine, composées récemment. Bien sûr, avant ceux-là, des chouyoukhs anciens avaient aussi innové ou composé des chants : voir les tentatives du cheikh Larbi Bensari , cheikh Abdelkrim Dali , cheikh Belhocine de Constantine qui a ramené et arrangé un bachraf, connu sous le nom de « bachraf grec ou regrig ». Sans omettre les chants, les valses, les samais et bahrafs du moyen orient introduits dans le répertoire malouf, comme bellah ya hamemi, ya bahi eljamal, samai chad araben, bachraf nirz et bachraf lekbir tunisien, importés et altérés par cheikh Toumi et surtout l’abondance des braouel Tunisien, qu’on trouve dans le répertoire de notre malouf, etc.

La tendance aujourd’hui c’est dans la modernisation (…) du malouf. Par modernisation, j’insinue les moyens d‘enregistrement dans des studios, où on mixe à volonté les voix et les instruments. On altère aussi les rythmes pour leur donner une coloration moderne, en usant de l’effet des boîtes (électroniques) à Rythmes. Comme on applique des accompagnements harmoniques avec accords dissonants et consonants. Beaucoup de chanteurs issus du milieu malouf innovent à volonté, ils sont connus de tous. On ne les juge pas, c’est une tendance normale et logique, les besoins du marché et les goûts des mélomanes muent avec le temps, surtout si on veut intéresser les jeunes aux airs maloufiennes.

Deux colloques sur la « nouba contemporaine » ont été organisé à Skikda (en 2013 et 2014), un autre serait effectif au mois d’avril 2015 et on constate que les contours du thème ne sont pas encore défini. Fallait-il admettre des innovations ou compostions dans la musique traditionnelle, d’origine andalouse ? (…) Où bien ne rien toucher tout en retouchant instinctivement au grès des influences que les musiciens y subissent ?

M’hammed El Kourd avait tout résumé déjà dans les années 3O du siècle dernier.

Mouats Hafid, le 19 avril 2015.

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Partie O7 - M’hammed El Kourd et le baron Erlanger.

La fabuleuse histoire de M'hammed Ould El Kourd, chanteur et musicologue d’Annaba.

Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour.

L’EPOPEE DE MHAMMED OULD EL KOURD...

Note Mouats Hafid :

Mécène français , Rudolh François Baron d’Erlanger, ayant passé les vingt quatre dernières années de sa vie à Sidi Bousaid en Tunisie. Né le 7 juin 1872, mort le 29 octobre 1932, un musicologue orientaliste, établi en Tunisie, il avait traduit en langue française les classiques en musique d’Ibn Sina, El Farabi, avait défini les termes techniques du grand livre d’Abou El Faradj El Afaghani : « Kitab El moussiqi el kebir ». Un richissime, épris de musique classique arabe, il invita chez lui des chanteurs et instrumentistes de différents pays arabes, turcs et perses, comme Ali Derwiche e l’Egypte, Ahmed Wafi et Khmeyes Ternene de Tunisie, de l’Algérie Cheikh Larbi Bensari et Mhammed El Kourd, en plus des marocains, Syriens et Irakiens.

Le but de ses regroupements est la préparation d’un congrès de musicologie sur la musique arabe et les pays limitrophes, qui ont des similitudes dans leurs musiques à base modales. Musiques qui s’abreuvaient autrefois d’une même source. Et qui puisaient leurs sources de musiques grecs, byzantines, perses, arabes et de cultures populaires des minorités de tout ce monde.

Suite à ses travaux et son intérêt pour la musique qui sont importantes, le roi Farouk d'Egypte lui confie l'organisation du premier rassemblement dans l’histoire de la musique arabe, qui fut dénommé « Congrès de musique arabe du Caire». Ce Congrès qui avait regroupé un millier d’artistes pour redéfinir beaucoup d’aspects et de dégager des consensus en vu d’uniformiser certains concepts, surtout théoriques, comme la problématique des micros –intervalles dans les gammes et aussi l’éventualité de transcrire les musiques classique et autres du terroir avec les outils du solfège.

Ainsi, grâce à leurs réputations par le biais des disques pour gramophone ou enregistrements radios, nos deux cheikhs de la musique andalouse, dans le style gharnata et malouf, qui sont Larbi Bensari de Tlemcen et M’hammed El Kourd d’Annaba, furent donc invités à participer à ce congrès qui a eu lieu du 28 mars au 3 avril 1932 mais sans l’initiateur de ce congrès le Baron Erlanger, puisque il était gravement malade. Il avait comme même donné des orientations scientifiques et pédagogiques pour le déroulement de ce congrès, son esprit, ses idées ont dominé ce grand rassemblement malgré son absence.

Texte H’sen Derdour :

« …Le baron me couvrit tellement d’éloges que j’eusse été presque tenté de me rapprocher d’avoir terni la renommé de ces braves pianistes. (Comme Mohamed Kadri et Messaoud Habib de Tunisie). Il est vrai que je ne me bornais pas seulement à l’interprétation de bachraf ou d’un Sammaï, ma force était aussi de jouer, à son grand étonnement, des pages de symphonies allemandes… ».

A suivre…

Mouats Hafid, le 24 avril 2015.

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8- Les enregistrements sur disques de M’hammed El Kourd.

La fabuleuse histoire de Mhammed Ould El Kourd, chanteur et musicologue d’Annaba.

Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour.

L’EPOPEE DE MHAMMED OULD EL KOURD.

Texte : Derdour H’sen :

1932 à 1935, le sucées sans égal de l’orchestre de Mhammed El Kourd, son prestige dans l’est Algérien lui attirent la visite des commis – Voyageurs et diverses firmes d’enregistrement sur disques, françaises, italiennes et allemande. Il opte pour la société Baidaphone à Berlin dont le représentant un musulman nommé Bachir Ressaissi, un ami de longue date , lui a offert un meilleur contrat ; et c’est ainsi qu’il se rend à plusieurs reprise dans cette capitale , diffuse les deux courants opposés à sa musique : d’une part des chansons modernes de circonstances en tant que soliste à l’aide son piano ; d’autre part avec l’ensemble de l’orchestre et à défaut d’une nouba complète des Msadarette, btaihiette, adradj, et nsérafette ne dépassant pas le temps imparti, soit une douzaine de minutes.

Voici ces enregistrements :

  • Mode Dhil.
  • 1) Msadar : Ya nadim EL leilou Wala ; fik wa koul lil fajri ahlam
  • 2) btaihi : ya sahib el oujh el jamil ; seltek ya badi ech chabab
  • 3) dardj : ya loun el âssel ; ya habibi âalech jafit
  • 4) inseraf : ahral el mal wa jaded el louze
  • En mode Hsine :
  • (inqileb), un chant qui bouleverse parce qu’il exprime le déchirant appel des anddalous au moment de leur défaite, il s ‘agit de « ya assafi âlla ma mada » ; et une quadrilla de tute beauté intitulée » sakatni er –rahou ainek, puis un fameux dardj « ruhi wa rahati ».
  • En mode Sika :
  • 1) Msadar : ya laimni quef el malama ; ya nass ma taâdirouni
  • 2) Betaihi :Fi l kalb maouadâ lil habib
  • 3) dardj : Ya tib âaichi ; selli houmoumel fi del âchia
  • 4) ya nass jaratli el gharaib
  • En mode Zeidene : 1) Msadar : jasmi fena min haouaq
  • Btaihi : mt nestarihou min ouahch el habaib
  • 3 dardj : alla ya moudir er-rah
  • 4) inséraf : alla nassim es-ssaba ; billah ya badri
  • En mode mezmoum :
  • Dradj : haramtou bik nouâassi ; rit erriyad kad ghass
  • En mode Rasd : deux insérafettes de toute beauté : ya moukhjil ech- chams wa elhilal ; baker illa chadin wa kass.

« … si on doit s’attarder sur chacune d’elle, il nous faudrait plusieurs pages de ce livre, cependant on ne peut que dire combien il a su faire ressusciter ces merveilleuses pièces menacées de disparition. »

Il enregistre également des chansons du type haouzi, mahdjouze et aoubi d‘où fuse la joie, se découvre l’entrain et l’allégresse populaire.

Résumé Mouats Hafid :

Ainsi, la maison Allemande Baidaphone lui avait ouvert une agence de distribution à Annaba afin de vendre ses propres enregistrements. Son commerce de disques ne fut pas juteux, alors il le brade en le vendant à un tunisien nommé Ben Ammar, puis Beidaphone lui ouvre un magasin en plein centre ville de Sétif.

« … Je ne pourrais jamais oublier cette période, ces longues journées d’activités commerciales non rentables, suivies de nuits blanches au service e toutes sortes de festivités.

Ma santé en palissant. Je sentais que je m’écoulais. Trois années durant je n’ai pas dormi trois à quatre heures par nuit. En plus des crises de nerfs, mes poches étaient de plus en plus vides… » - nous disait M’hammed El Kourd.

… Il fini à laisse choir sa boutique de Sétif et à reprendre vite le chemin de Annaba. (Après trois années à Sétif).

A suivre…

Mouats Hafid, le 04 mai 2015.

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Partie 9 - M'hammed El Kourd et la cinématographie

La fabuleuse histoire de Mhammed Ould El Kourd, chanteur et musicologue d’Annaba.

Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour.

L’EPOPEE DE MHAMMED OULD EL KOURD.

Texte H’sen Derdour : Les années 1937 et 1938 sont pour Mhammed El Kourd une période de travail intense qui consiste non seulement à jouer devant ses auditeurs des cafés maures de tous les samedi soir mais, le théâtre étant interdit aux arabes, aussi à faire de brèves tournées en Algérie, en Tunisie, surtout en France. A Marseille, Lyon, Paris devant un public mi-algérien, mi- français, ce sont des soirées organisées dans les salles de spectacles ù se traduisent la richesse et le rayonnement de la musique algérienne, ce qui d‘ailleurs lui vaut auprès des connaisseurs de souche française, un grand succès et une précieuse notoriété, surtout dans le domaine du contacte avec les cinéastes européens. … Une firme cinématographique à l’échelle mondiale « Paramount » le met très sérieusement à l’œuvre dans les films à court métrage. Dans l’un d’eux, intitulé « Oul El Kourd », un musical de chants et de danse, il a pour partenaire la danseuse égyptienne Tahia Carioca, l’une des grande vedettes du monde arabe … Dans un autre film, à même un superbe décor d’une villa à Alger, on le voit tour à tour utiliser le piano ou le luth en compagnie d’une super star turque Fatma Serri Hanen … Par contre dans un film à long métrage de près de deux heures, intitulé « Chabichou », un film navet à tendance raciste, on le verra avec son oud charki en compagnie du cheikh Mohamed Fergioui. … Ce film, une version de « méchanceté » à l’égard des arabes. … ce film connaîtra un succès foudroyant parmi les européens ; mais sitôt combattu par la grève des Algériens, les salles resteront vides. Mhammed El Kourd nous disait « … Pendant quelques jours, les jeunes nationalistes du PPA (Parti du peuple Algérien) et ceux de la fédération de Ferhat Abbes, m’ont déversé leur lot de regards méfiants comme si j’avais été le complice du metteur en scène. … Lors de la première soirée à Annaba, j’ai été très étonné, voire même chiffonné de me voir avec cheik Fergioui dans des scènes qui ne tempéraient aucune modération vis-à-vis de notre façon de vivre. » … en prêtant le concours ignoraient donc le thème réel de ce film « Chachibou ». … Mai cette activité de musicien ambulant au service du cinéma lui pose des problèmes, le désenchante. …, mieux rentrer en Algérie et reprendre ses puissantes envolés vers son art idéal : Le Malouf.

Note Mouats Hafid : Que sont ils devenus les archives des films où Mhammed El Kourd avait figuré ? J’ai personnellement cherché sur le Web, je n’ai rien trouvé. Avec de telles images cinématographiques on pourrait extraire des photos par capture et qui nous renseignent un peu plus sur des détails qui ont leurs importances dans sa biographie, qui reste apparemment incomplète.

A suivre …

Mouats Hafid, le 07 mai 2015.

Partie 10 et fin : Importantes activités et repères sur la vie et la carrière de M’hammed El Kourd.

La fabuleuse histoire de Mhammed Ould El Kourd, chanteur et musicologue d’Annaba.

L’EPOPEE DE MHAMMED OULD EL KOURD.

Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour.

 

Mhammed El Kourd et sa ressemblance avec le général US Eisenhower.

 

- A son retour d’Europe vers sa ville natale Annaba,( après la 1ere guerre mondiale) il avait une silhouette semblable à celle des européens, sauf une chéchia calabouche.
- Il était toujours de bonne humeur, aime rire et faire rire.
- … les festivités familiales deviennent rares et peu lucratives. Cette pénurie s’explique par le fait que l’activité des Algériens de plus en plus « étrangler » par un pouvoir colonial tyrannique restreignait toute condition de vie.
- Pour lui et son orchestre, les seules soirées valables sont celles réservées aux juifs. … C’est une clientèle riche, assidue et fidèle. 
- Quand aux fameux cachets en provenance de leurs soirées, M’hammed qui n’a pas la fièvre de l’accaparement, ni l’énergie d’en priver ses partenaires, ils sont distribués en autant de rétributions qu’il y a des exécutants. Sa part a toujours étaient égale à celle de chacun des musiciens. 
- Son orchestre en 1931 se composait des meilleurs instrumentistes du moment. Il y avait notamment :
Cheikh Safane, de son vrai nom Saifi Hsen, violoniste ; Si Mohamed Ben Makrouha, violoniste; Raymond Bramino, un israélite d’origine libyenne, habitant Annaba, violoniste ; Mechichi Mohamed- Salah dit « mon frère », luthiste ; Omar Hamlaoui dit « Hanina », kouitriste (note M. Hafid, à Annaba on n’utilisait pas la kouitra, l’auteur ne donne de précision mais il semble qu’il s’agit du oud el arbi, que les maloufdji le désignaient alors comme « kouitra ») ; Kar ha Bichi, un israelite de Guelma, flûtiste ; les deux cheikhs Bourboueze e Ajib, multi-instrumentistes, violon, luth, flûte; cheikh Samanoune de son vrai nom Zouaoui Said, un vieux maître du Zedjel, rebabi (rebab El Watrine), (note M. Hafid, ainsi, le rabeb à cette époque était encore utilisé à Annaba) ; Si Abdelaziz Miimoune Gou ômr (derbouka) ; Si Mohamed Berrazouène (tar) ; Si Mohamed Boudiba ( nagharetts) ; Si Mohamed Hamzaoui, Chaïd Animateur, drabki, tarrar, père de Hamzaoui Abdelaziz plus tard un héros de la révolution algérienne, tombé au champ d’honneur.

Il y avait aussi parmi les jeunes des éléments de l’ensemble amateur du « Miz’har Elbounni » : 
Samai Mahmoud, ce prodigieux élève de M’hammd El Kourd, un pianiste qui prêtait son concours aux troupes européennes. Allaoua Boukhroufa , chef d’orchestre du Miz’har Elbounni ; Mestiri Mahmoud, violoncelliste, clarinettiste ; Tijani Ahmed, mandoliniste ; Chemla Raymond, violoniste. D’autres amateurs aussi à profession confortable, comme : Si Saddek Largueche, luthiste ; Si Bencharif Hamdane, mouazni, choriste ; Si Saddek, père de Mostefa Beloucif, luthiste ; Si Aberahmane Benyacoub, violoniste. 
Plus tard vers les années 40, l’orchestre de M’hammed El Kourd comptera deux nouveaux éléments : un flûtiste Bennani Mohamed dit « Petit Mohamed » (oncle de Bennani Hamdi), un multi-instrumentiste, son élève Aouchal Hacebe dit « Hacene EL Annabi », et un pianiste en herbe Ali- Tatar H’sen.

- 1939 à 1940, ce sont les années les plus défavorables pour lui et tous les orchestres de la ville. Il s’agit de la seconde guerre mondiale … Bombardement de la ville (Annaba) par les Allemands. Plus question de musique … d’ailleurs deux musiciens de son orchestre sont mort victimes des bombardements : Si Mohamed Bourazouène et SI El Amri Mouezzeni.

- M’hammed El Kourd sosie du général Américain Eisenhower. (résumé , M. Hafid) : C’était au moment de la fin des bombardements que les militaires anglais et les américains (stationnés à Annaba) , ces derniers ayant invité El Kourd pour compléter un orchestre au piano, qu’Ils découvrent alors qu’il a une ressemblance avec leur général, une attraction pour eux, ils l’invitèrent alors à Constantine à leur quartier général. El Kourd avait le même faciès, le même teint, presque la même corpulence. Ce rapport de physionomie est si convainquant de quoi faire paraitre son portrait sur une revue anglo-saxonne à Londres. 
- (Résumé M. Hafid) Lors du drame des massacres du 8 mai 1948, la population avait subi massacre et répression féroce : comme l’interdiction de marcher les mains dans les poches, ou rester figer devant une vitrine, courir à même la rue, rassemblement de plus de 3 personnes etc… Qui donc oserait parler de musique et de malouf. Donc plus d’orchestre, plus de nouba, plus de youyou et éviter tout dépassement qui risquerait d’ameuter le panier à salade (véhicule de police). Les seules moments où ils peuvent jouer de la musique c’était lors des rares sorties à Ras Ehamra , Sidi Hmida, Bouhadid, plutôt des zerda squelettiques, minées par des problèmes de dépenses à éviter. Et là les musiciens ne tiraient le moindre pécule, l’auditoire est souvent constitué de gens modestes vivant au jour le jour. 
- Devant de telles situations de précarité, Mhammed El Kourd à défaut de cachet et d‘attendre un mariage chez les juifs (il ne reçoit plus d’invitation pour les mariages chez les arabes, faute de moyen d’argent), il décide alors de revenir une nouvelle fois en France où l’avait invité la communauté nord-africaine. 
- Sitôt arrivé à Paris … 
A suivre… 
Mouats Hafid, le 13 mai 2015.

Un de ses nombreux disques.

Un de ses nombreux disques.

Cette rare photo est de mon ami Chouaib Mesamah d'Annaba.

Cette rare photo est de mon ami Chouaib Mesamah d'Annaba.

le Baron Erlanger

le Baron Erlanger

Ici  il est avec de grands musiciens d'Annaba : Cheikh Abdelaziz Mimoun dit Goumour (percussionniste) et cheikh Mohamed Bennani (Flûtiste). Merci à notre ami Benchna Azzeddine pour cette photo)

Ici il est avec de grands musiciens d'Annaba : Cheikh Abdelaziz Mimoun dit Goumour (percussionniste) et cheikh Mohamed Bennani (Flûtiste). Merci à notre ami Benchna Azzeddine pour cette photo)

El kourd avec Petit Mohamed et Goumar.

El kourd avec Petit Mohamed et Goumar.

El kourd en tenue traditionnelle et Kebous.

El kourd en tenue traditionnelle et Kebous.

M'hammed El Kourd au piano avec l'association El Mizhar El Bounni

M'hammed El Kourd au piano avec l'association El Mizhar El Bounni

photo tirée du livre de M Mohamed Lakhdar  Boubakar " majadif essafina fi macha'ikh oua fenèni bounna el madina"

photo tirée du livre de M Mohamed Lakhdar Boubakar " majadif essafina fi macha'ikh oua fenèni bounna el madina"

photo tirée du livre de M Mohamed Lakhdar  Boubakar " majadif essafina fi macha'ikh oua fenèni bounna el madina"

photo tirée du livre de M Mohamed Lakhdar Boubakar " majadif essafina fi macha'ikh oua fenèni bounna el madina"

L’EPOPEE DE M'HAMMED OULD EL KOURD. Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour, commenté par Mouats Hafid.
L’EPOPEE DE M'HAMMED OULD EL KOURD. Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour, commenté par Mouats Hafid.
L’EPOPEE DE M'HAMMED OULD EL KOURD. Lu dans le livre de l’homme de culture Annabi : H’sen Derdour, commenté par Mouats Hafid.
Image 1 : La tombe du cheikh M'hammed El Kourd où j'ai ajouté sa photo.

Image 1 : La tombe du cheikh M'hammed El Kourd où j'ai ajouté sa photo.

Le livre biographique sur M'hammed El Kourd

Le livre biographique sur M'hammed El Kourd

Le professeur H'sen DerdourLe professeur H'sen Derdour

Le professeur H'sen Derdour

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