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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 16:42

La grande arnaque.

(Synthèse de Mouats Hafid, suite à la lecture du livre de M Fawzi Sadallah)

Edmond Nathan Yafil Ibn Echabab, musicien d’Alger, de confession juive, très connu dans le milieu musical a certainement eu en ce début du 19eme siècle un grand rôle dans la divulgation et la conservation de l’art musical andalous, principalement le genre sanaâ. Il avait édité un grand recueil de noubas restantes avec la collaboration des chouyoukhs (ou M’âlems) dont cheikh Sfindja Ben Ali (1844/1908). Il avait aussi aidé le musicologue Français Jules Rouanet pour des publications sur la musique sanaâ : « Le répertoire de musique arabe et maure » et « collection de mélodies », transcription sur partitions de certains chants andalous et de Touchias. Il avait aussi contribué à la naissance de la première société musicale (association) selon la loi de 1905, « La Motribia ».

Pour tout cela, nous lui devons respect et considération, même s’il s’était appuyé sur l’effort et le mérite des gens de la sanaâ qu’on a tendance à minimiser actuellement par rapport à ce qu’avait fait Edmond Yafil. Pour consolider sa notoriété, il avait bien sûr bénéficié des retombées sur la communauté juive du décret de Crémieux de 1870*. Loi qui avait favorisé les juifs en leur accordant l’accès aux études supérieures, l’accès à l’administration et tous les autres privilèges, c’était la politique de diviser pour mieux régner. Cette perspective inouïe avait permis à Yafil de déposer et d’enregistrer en son propre nom les noubas du recueil, des milliers d’enregistrements de chansons andalous et autres, auprès de la SACEM de Nantes (organisme des droits d’auteurs)

Selon l’écrivain Algérien M Fawzi Sadallah dans son livre « min tarikh el ghina el andaloussi » (édition Cordoba 2011), le chercheur américain « Jonathan Glasser » qui avait séjourné en Algérie en 2009 dans le cadre de ses recherches sur les droits d’auteurs et sur Edmond Yafil, Il avait confirmé le constat négatif sur ce dernier dans le milieu de la sanaâ à Alger (les plus avertis le connaissent mieux, remarque personnelle). Ainsi, il avait découvert en consultant les archives de la SACEM à Nantes/France (archives cabinet diplomatique, protectorat) ce que les algériens ne savaient pas à cette époque. Ce chercheur (que Fawzi Sadallah avait rencontré à Paris) a pu consulter plusieurs listes sur les produits enregistrés au nom d’Edmond Yafil, il s’agit de textes andalous, de compositions musicales et d’enregistrements du patrimoine andalous et autres. Par exemple les 2000 (énormes) enregistrements de disques chez « Pathé Marconi » où la Motribia avait accompagné les maitres de la sanaâ. Il a même trouvé des travaux du musicologue et chercheur Français « Alexis Chottin » accaparés et enregistrés par Yafil en son nom.

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Note personnelle de Mouats Hafid :

Edmond Yafil avait donc enfreint la loi en déclarant propriété privée des œuvres du patrimoine classique andalous. Il avait caché à ceux qui ont travaillé avec lui les retombées financières émanant des droits d’auteurs qu’il percevait directement de la SACEM. Les maisons d’éditions où Yafil pompait en produisant des disques s’intitulaient « Gramaphone, Pathé, Polyphone, Odem, Colombia etc,) de grandes boites internationales détenues la plupart alors par des Israélites. (Selon l’écrivain algérien El Hadj Meliani).

Ce que je pense de cette escroquerie, est que le Sieur Yafil (fils d’un tbaikhi, gargote de loubia) ne connaissait même pas bien la langue arabe et ne savait même pas accorder sa mandoline (et oui ! je le sais , je cherche). Il aurait dû être reconnaissant en partageant sa manne provenant des droits d’auteurs, surtout sur les éditions de disques. Ils étaient pauvres les maîtres « Mnemeche, Sfindja, Bentefahi, Saidi et autres. Avec leur statut d’indigène (…) et l’oppression coloniale, que pouvaient – ils faire pour rivaliser avec les bénéficiaires du décret de Crémieux de 1870 : les Mouzino, Shalom, Lahor Soror, Bouchaghara, Lemrabti, Yafil etc.

Certes, ils sont tous (juifs et musulmans) les conservateurs de l’art andalous mais ils n’avaient pas évolué dans la même enseigne, n’avaient pas les mêmes privilèges, ni les mêmes droits. Voila ce qui avait permis à Edmond Yafil d’acquérir cette réputation, bâtie sur le dos de vrais maîtres.

Ceci dit, mon article ne se nourrit nullement de ressentiment envers les algériens de confession Judaïque qui partageaient avec nous l’histoire et la culture. Mais si on me reproche d’être anti-sioniste, je le suis. La différence est de taille.

* Le décret Crémieux (du nom d'Adolphe Crémieux) est le décret no 136 qui accorde d’office en 1870 la citoyenneté française aux 35 000 Juifs d’Algérie.

Mouats Hafid. Le 16/12/2011.

Juif indigène algérois, Edmond Nathan Yafil, est né en 1874.

Juif indigène algérois, Edmond Nathan Yafil, est né en 1874.

Yafil au milieu avec le violon.

Yafil au milieu avec le violon.

Cheikh Mouhamed Sfinja. Né à Alger en 1844.

Cheikh Mouhamed Sfinja. Né à Alger en 1844.

Mohammed Ben Teffahi (1870 - 1944)

Mohammed Ben Teffahi (1870 - 1944)

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