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Chers visiteurs à mon blog, je publie  des billets que j'ai nommé "Zeryabiyates" où je m’étalerais sur la vie du légendaire et renommé Zeriab. Ils seront une base de discussion autour de ce génie et la suite de l'histoire après sa mort. Nous remontons le temps et nous arrivons jusqu'à nos jours afin de cerner ce qui nous nous reste du legs musical andalous, avec ses diversités à travers le Maghreb arabe où les maures avaient déposé leurs longues traditions musicales. Voici le 1er billet.
Hafid Mouats. Août 2014.

 

 

zeriabiyats mouats hafid

 

 

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01- Zeriabiyats Mouats Hafid.

01- Zeriab, une énigme légendaire.


Après douze siècles passés, ce personnage légendaire excite toujours la curiosité des chercheurs et mélomanes de la musique arabe et principalement les adeptes de la musique dite andalouse, cet héritage lyrique ou Zeriab avait mis sa pierre et son édifice, déposé sur le littoral Maghrébin par les Maures chassés d'Espagne après la chute de Grenade, dernier émirat musulman. Ces legs musicaux et poétiques ont été aussi ramenés par les musulmans d'Espagne bien avant la chute de Grenade avec le déclin d'autres émirats. Les expulsions ont été poursuivies jusqu'au 17e siècle.

Ici à travers mes billets intitulés « Zeriabiyates », je vais m'étaler et m'intéresser à ce génie puisqu'on lui a attribué tas d'inventions et de prouesses artistiques que leurs échos résonnent jusqu'à nos jours. Pour cela, j'explore avec rigueur toutes les pistes en ma possession, afin de les partager et occasionner de minis débats entre avertis et mélomanes. Je puiserai donc dans mes livres et mes recherches sur la toile du net où on trouve aussi des éléments non négligeables, pour remonter le temps, clarifier des faits et pourquoi pas s'approcher peut-être des vérités afin de rendre mes écrits et les échanges plus ou moins crédibles, voir consistants et agréable à lire.

Il est connu que c'est l'historien El Maqqari qui a le plus consacré et remis en valeur le personnage de Zeriab.
Il lui a redonné une seconde vie après avoir été longtemps oublié au moyen orient des mille et une nuits, son berceau. Pour compléter l'histoire de Zeriab, de son vrai patronyme : Aboul Hacen Ali Ibn Nafaa, Al Maqqari a fait des synthèses et réécrit son histoire passionnante en se basant sur des ouvrages qui avaient narré avant lui l'histoire où le mythe du « merle noir, en arabe Zeriab », du nom de cet oiseau gazouilleur.

Al Maqqari de son vrai nom : Shihab eddine Aboul Abbes Ahmad Ibn Mouhamed Ibn Ahmed Ben Yahiya Al Qouraychi Al Maqqari. Né à Tlemcen en 1591, mort en 1632 au Caire. C'était un Mufti et un historien, il avait vécu à Fès, a séjourné en Syrie et au Caire. Il avait écrit plusieurs livres dont celui où il rédige la biographie de Zeriab. Le livre est intitulé:  «Nafh etib min ghusn al andalous erratib oua dikr ouaziriha lissan eddine ibn el khatib » (Exaltation de la douce odeur du rameau vert d'Al andalous et l'histoire du vizir lissan eddine el khatib ).

Al Maqqari pour enrichir la biographie de Zeriab en ajoutant plus de détails sur sa vie et ses œuvres, il avait puisé dans des ouvrages rédigés bien avant lui. Principalement dans l'ouvrage : « El Mouqtabes fi akhbar al andalous », son auteur est Abou Marouane Ibn Hayyan (mort en 1108 après J.C). Il vivait alors à Cordoue entre le 10e et onzième siècle. Et aussi sur ibn Khladoun 1332 / 1406. Ibn El Hayyan lui-même s'était basé sur au moins deux ouvrages qui restent introuvables pour avoir relaté l'histoire de Zeriab ; il s'agit des livres d'Ahmad Ibn Mohamed Errazi (mort en 944). Ce dernier est mort moins d'un siècle après la mort de Zeriab, supposée en 857 (une polémique en ce moment entre les historiens sur la date de naissance de Zeriab, sa mort, son départ de Baghdad et son arrivée à Cordoue). Il avait aussi puisé sur les chroniques d'un certain El Oumari ( ? ) Quand à Ibn El Hayyan il est mort deux cent cinquante ans après la mort de Zeriab.

Qui est-il donc ce Zeriab qui défraye tant la chronique depuis des siècles ? Ses origines exactes restent une énigme, puisqu'on trouve plusieurs versions. Était - il un Kurde né à Mossoul ? Un esclave affranchi africain de par sa peau presque noire ? Ou un Persan ? Entre autres, ce que je vais développer dans mes billets « Zeriabiyates » pour cette page « Beyt el moussiqa el Andaloussiya ». 

Ainsi, Al Maqqari le Tlemcenien, lui qui n'est pas un musicien, mais un Mufti (c'est inouï de nos jours), huit cent ans après la mort de Zeriab, il rédigea sa biographie plus détaillée en se basant principalement sur « El Mouqtabes » d'IBn El Hayan, mais bizarrement sans citer le nom de ce dernier. Al Maqqari débute son récit sur Zeriab par : « Il est dit dans El Mouqtabes.... »Contrairement à El Hayyan qui cite ses sources.

El Mouqtabes signifie : réunir les textes de divers auteurs sans y ajouter une appréciation ou une critique. C'est un ouvrage volumineux qui raconte l'histoire de l'Andalousie musulmane et les plus célèbres personnages comme Zeriab.
Enfin, Ibn El Hayyan a aussi collecté des informations sur Zeriab en se basant sur deux livres qui ont disparu, mais évoquer par des auteurs :
1- Kitab akhbar Zeriab ( ?)
2- Kitab el oudaba duCadi Abou El Oualid Al Farabi. (? )

El Mouqtabes a été édité que très récemment en 1999 à Madrid en langue arabe, traduit en 2001 en Castillan. Il était en possession d'un certain Emilio GarciaGomez.

Voilà donc, depuis la biographie rédigée par Al Maqqari au 17e siècle, tous les historiens et musicologues prennent en référence cette narration sur Zeriab.

Zeriab a certainement existé, il y a des écrits, des témoignages de par des poésies et des évocations dans différents ouvrages au Maghreb, en Espagne et très peu au moyen orient.

À suivre mes prochains Zeriabiyates...

 

Mouats Hafid, août 2014.

 

 

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02 - Zeriabiyats Mouats Hafid.

 

02 -  Identification de Zeriab.

 

La biographie de Zeriab rédigée par El  Maqqari comprend :

- sa jeunesse à Baghdad,

- sa bonne impression sur le calife Haroun Errachid,

- l’insolence de Zeriab vis-à-vis de son maître Isahq El Maoussili qui le pousse à l’exile,

- sa fuite en occident vers Kérouan chez les Aghlabides, puis vers Cordoue tenue par les Omayyades ;

- son arrivée à Cordoue où il fut accueilli par l’émir Abderahman en personne, fils de l’Emir El Hakam celui qui lui avait lancé l’invitation en premier avant sa mort pour rejoindre Cordoue;  

- ce qu’avait ramené Zeriab en Andalousie musulmane  comme art;  habillement raffiné, astrologie, gastronomie et vie  mondaine.

 

Lieu de naissance de Zeriab.

 

Ibn El Hayyan (mort en 1108 après J.C) se referait à l’historien Ibn Errazi(Mort en 944) mentionnait dans le Kitab « El Mouqtabis » que Zeriab est né au nord de l’Irak. ( Machreq Al A’la), le haut orient, donc la Mésopotamie, un territoire entre le nord de l’Iran actuel, le sud de la Turquie et le nord de l’Irak.Une région peuplée par des Kurdes, des Syriaques (les syriens actuels),  Arméniens et perses. Cette région avait comme axe central est importance historique la ville de Mossoul.  L’un des arguments de taille qui avait réconforté Ibn Al Hayyan et Al Maqqari pour avancer que Zeriab est  probablement un Kurde,  c’est la pédagogie de ce dernier pour apprendre  à ses disciples les techniques du chant, en plaçant un morceau de bois entre les dents, le gardant quelques nuits afin d’empêcher la bouche de se fermer, un procédé qui fige les traits du visage pour n’exprimer aucune émotion quelconque sur le visage (rire, grimace,crispation, rire ou rougeur des joues).

Cette pratique était spécifique à la Mésopotamie, exportée en Andalousie par Zeriab.  

 

Ils mentionnaient aussi que probablement Zeriab est né àMossoul, son maître Ishaq EL maoussili avait séjourné là pour parfaire son art lyrique(*note personnelle : les Kurdes s’adonnaient à la musique sans contrainte,contrairement où à Baghdad les religieux n’encourageaient pas la pratique de cet art, réservé alors aux excaves et aux noirs), puis il est retournait àBaghdad pour devenir le musicien privilégié des califes Abbassides. Il est fort probable que Zeriab a eu contacte avec Ishaq El Maoussili à Mossoul. Ishaq etIbrahim les maitres de Zeriab ont été baptisés  « les Maoussili » car ils avaient séjourné  à Mossoul. Ils sont né au nord de la perse.

 

Le sobriquet « Zeriab ».

La première fois où le pseudonyme Zeriab a été énuméré, c'était par le poète de Cordoue, contemporain de Zeriab : Abd Rabihi (mort en 980) qui écrivait ceci : « Ibrahim El Maoussili (et non Ishaq) possédait un esclave noir nommé Zeriab ». Son nom complet selon Ahmad Errazi (mort en 944) est Abou el Hassen Ali Ibn Nafi'. Al Maqqari déclinait le nom de Zeriab de cette manière : Abou el Hassen Ali Ibn Nafi' el moulaqab (surnommé) Zeriab.
Zeriab, c'est le nom d'un oiseau gazouilleur, connu sous le nom de Merle noir. Ainsi, ce pseudonyme a été collé à Zeriab par rapport à sa peau et par rapport à son éloquence parfaite, il était noir. C'est peut-être ce détail qui penche à croire que Zeriab était probablement un africain. Dans cette région de Mésopotamie il a été rapporté qu'elle était aussi peuplée par des communautés kurde/ perse, et des esclaves de couleur noir.

Ainsi ce Zeriab,  grâce à sont génie, devient esclave affranchi (libre) par son maitre Ishaq Al Maoussili et élevé au rang de « Zeriab el moughani », «Oustèd » (maitre) et « pionnier » ( Essabiq).

À suivre mes Zeriabiyèts...

 

Mouats Hafid, août 2014.

 

 

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03 Zeriabiyats Mouats Hafid.

 

03- Controverse autour de la date de naissance de Zeriab -  son départ de Baghdad vers l’occident – sa pause à Kerouan chez les Aghlabides- son arrivée à Cordoue.

 

Plusieurs sources donnent différemment les importantes dates et la chronologie des mouvements de Zeriab.  Ibn El Hayyan ( mort en 1108) dans son « El Mouqtabes » cite un poète : Aboub Bakkr Oubad ( mort en 1060) , auteur du livre « livre des nouvelles des poètes a d’Al andalous » (kitab akhbar echouara el andalous ) et qui rapporte que «  Zeriab arriva en Andalousie dans la force de l’âge avec la mort de l’Emir El Hakam en 822 ( El Hakam et le père de l’émir Abderahman II, celui qui a renouvelé l’invitation faite pas son père à Zeriab et qui l’avait accueilli en personne et avec faste). 

Il poursuit «  sa dépouille repose dans le cimetière d’El Rabad qui se situait dans le faubourg sud de Cordoue … à son décès il avait soixante-dix ans et quelques mois » 

 

Des publications récentes avancent que Zeriab est né en 789 de l’ère chrétienne. En s’appuient sur des dates des évènements survenues à la même période. El Hayyan et Al Maqqari retiennent eux aussi une  date et  l’âge de Zeriab, c’est celle de 821/822 années de la mort de l’émir Al Hakam. Zeriab se présenta alors devant le port  d’El Jaçiras (sur le détroit de Jibraltar) et de là, il envoya une demande à El Hakam pour lui offrir ses services. La réponse ne tarda pas à venir par l’intermédiaire du chanteur juif Mounis Elmoughani de Cordoue. Elle n’émane pas de l’Emir El Hakam, mort en ce moment-là mais mais de  son successeur l’émir Abderahman II qui lui renouvela l’invitation. Il était aussi mélomane que son père et il a aussi une admiration pour le très réputer Zeriab,

 

Un autre poète contemporain de Zeriab (Ibn Erabihi 840/940) précisait que Zeriab était le musicien d’El Hakam.

Avant de regagner l’Andalousie, Zeriab avait séjourné un temps à Kerouan en Tunisie qui s’appelait alors « Ifriqiya » et où il s’était mis au service des Aghlabites sous l’émir Ziyad Abdallah. Ce dernier a accédé à cette fonction  en 817. Si on admet cette date, Zeriab aurait alors séjourné cinq  années à Kerouan.

Son âge a été évalué en avançant qu’il avait vécu à Cordoue durant trente années, le reste, il l’avait passé à Baghdad et  Mossoul. Ceci en soustrayant 852,  date de sa mort et son arrivée  à Cordoue en 822.

 

Maintenant, il y  a presque consensus autour de la mort et le décès  de Zeriab, toutes les probabilités sont faites par rapport aux événements de l’époque, Ainsi Zeriab était né en 789 et mort en 857.

 

A suivre mes Zeriabiyats ...

 

 Mouats Hafid, août 2014.

 

 zeriabiyats mouats hafid

 

Algésiras où avait débarqué Zeriab.

 

Algeciras_Cadiz1.jpg

 

Baghdad au temps des Abassides

 

bagdad1.gif

 

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04 - Zeriabiyats Mouats Hafid.

04 - Les maitres de Zeriab : Ibrahim et Ishaq ElMaoussili.

 

Il a été rapporté dans des chroniques et des ouvrages sur la biographie de Zeriab qu’il était un esclave affranchi (libéré) par son maître Ishaq El Maoussili et présenté aussi comme disciple des deux Maoussili.

 

Ibrahim père d’Ishaq est originaire de Rayy (de nos jours Chah Rey) dans le centre de l’Iran. Il est né à Koufa, ville d’Irak (siège du Calife Ali) en 742/804 après JC. Il était le musicien du Calife Abbasside ElMahdi. (775/785)

 

Ishaq est né en 767/850 à Baghdad, il était le musicien du Calife  Haroun Errachid (785/809), puis de son fils le Calife El Ma’moun, (813/833) qui lui-même était un musicien.

 

Ibrahim avait une sœur mariée à Mansour Ezolzol (mort en791) un excellent musicien et théoricien de la musique arabe. Il avait la connaissance de la musique grecque pour avoir contredit la théorie de Pythagore  (né à Athènes 580 ans avant J.C.) sur la gamme majeure naturelle avec ses distances sonores entre ses degrés.  Il était aussi connu pour avoir inventé le« oud echabout », luth en forme du poisson chabot. Ce oud qu’il avait façonné lui-même et qui lui avait séparé le manche de la caisse de résonance  (elqasâa) et placé des lamelles (les côtes) sur sa coque comme l’architecture d’un bateau. Cette forme-là,  c’est le luth echarqi que nous utilisons depuis et en ce moment.

 

Les Maoussils devaient leur sobriquet du séjour d’Ibrahim à Mossoul au nord de l’Irak. Ses parents ne voulaient pas qu’il pratique la musique,cette distraction qui fut l’apanage des esclaves, principalement des femmes esclaves et des hommes dépravés (essa’âliqs). Ibrahim avait alors fugué vers Mossoul pour parfaire son éducation musicale. A son retour à Baghdad une année après, son père s’était résigné à l’accepter et depuis, on l’a surnommé« El Maoussili ». 

 

Avant l’arrivée des Maoussilis, la musique n’était pas introduite dans la cour des Émirs et aucun musicien ne fréquentait la noblesse Abbasside. Grâce à leur génie, leur réputation et le savoir, ils furent sollicités pour être les musiciens de la cour des Califes. Ishaq qui était plus brillant que son père a été élevé au rang des savants qui avaient constitué « beyt elhikma »,  cette sorte d’académie scientifique qui regroupait des érudits musulmans et non musulmans. Ishaq,  à lui seul avait une immense bibliothèque. Il avait rédigé dix sept livres sur la musique, composé beaucoup de chants et de musiques. Il formait des musiciens et des musiciennes, dont le plus connu de ses disciples, ce Zeriab l’affranchie esclave à la peau noire et à l’éloquence parfaite, il était poète aussi.    

 

C’est dans cette atmosphère d’érudition et d’art que Zeriab a été élevé et avait parfait son éducation musicale et scientifique, d’où son éclosion avec insolence de génie créateur, que lui a valu un jour jalousie et périls.

 

A suivre mes Zeriyabiyats…

 

Mouats Hafid, août 2014.

 

zeriabiyats mouats hafid

 

images--2-.jpgLa forme de ce oud a été conçue par Mansour Ezolzol, gendre d'Ibrahim Elmaoussili, ce oud standars est celui que nous utilisons de nos jours.

 

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05 Zeriabiyets Mouats Hafid.

 

 

05- La musique aux temps des Califes Rachidounes  et des Califes Omeyyades.

 

La musique a toujours accompagné les peuples dans leurs us et coutumes. C’est un moyen d’extériorisation des sentiments, exprimant la joie, la tristesse et toutes sortes de sensations humaines. Au moyen de la voix, ou des matériaux utilisés, l’homme produisait des sons (sawt) qui deviennent agréables à ouïr en les combinant et en les ordonnant et qui, unis par succession (nagham) donnent des mélodies (lahn). 

 

À l’époque dite de l’ignorance (‘asr eljahili, qui signifie époque avant l’avènement de l’islam) un art surpassé les autres formes  d’expressions  humaines, c’est la poésie. Mais l’homme lui avait associé la musique pour constituer le chant. C’est ainsi que les arabes de la péninsule arabique  s’accompagnaient pour chanter en utilisant des instruments de musique tels que : la flûte (elqasbaà), elmizmar ( sorte de clarinette ou ghaita de nos jours), le def ( un tar ou tambourin) et aussi un instrument à corde ( de la famille des cordophones) « Elmiz’har » (vase fleuri) ou « El mouwatar »(du mot watar, corde), sorte de luth à deux cordes. Cet instrument connu aussi sous le nom de  « Elkirane »  (cité dans la poésie de l’époque de la jahiliya) , il était joué principalement par des femmes qu’on désignait  alors  sous le nom de «  elkirana ».

 

Ce dernier instrument demeurait l’instrument de prédilection de la tribut des Qouraychites jusqu'à l’arrivée des pèlerins perses  avec l’avènement de l’islam  afin d’accomplir le Hadj aux lieux saints. Ils avaient ramené avec eux le « Barbat » un luth à la forme de canard d’où il tir son nom : bar = poitrine ; bat = canard.Les arabes séduits par ce nouvel instrument, l’adoptèrent vite au point de lui changer de nom : « El ‘oud », vu sa constitution à cent pour - cent en bois. Contrairement au Miz’har où  sa caisse de résonance  ( elqas’a) ) était faite de cuire ( eriq).

 

Ainsi,  ce oud est devenu le pivot d’une musique arabe assez développée à Medine et à la Meckke.  Le chant arabe en vogue dans ces deux contrées était le style «  Elhouda », chant du chamelier. On peut imaginer ce chant basait sur la cadence ou rythme sur les pas du  chameau lors de longues traversées du désert d’Arabie.

A cette époque le mot musique n’existait pas encore dans le lexique arabe. On désignait cet art comme « sawt »et « ghina ». Pour les formes musicaux on utilisait le terme« tariqa » qu’on identifia plus tard comme manière d’être d’une gamme : « un mode », «  maqam », « mahata »,« sirra » ou « tabaâ » en Andalousie musulmane.

 

Il y avait le chant religieux (elinchad), chant exécuté solennellement avec rythme lent, accompagné uniquement du« def »,  car la parole ou le texte priment sur les sons produits par les instruments. Il y avait aussi le chant profane qui abordait les thèmes de la vie et les coutumes des tribus. D’autres genres de chants sont usités comme ceux de la guerre  qui poussaient les guerriers à combattre avec courage et abnégation. 

 

Les arabes chantaient sur différents tempos,  selon l’atmosphère et le tempérament du moment : il y avait du lento (etaqil) ; du modérato (eramal) et aussi du presto ou léger (elkhafif). La musique était tolérée mais,dans les règles de la modération et le respect du rite religieux. Les hostilités de certains imams pour l’utilisation de l’instrument de musique accompagnant le chant profane ou religieux (sauf le def) ont existé et ils existent toujours, c’est le débat à l’infini mais,  une chose sure et vérifiable, c’est la pratique de la musique qui a toujours été tolérée  sous tous les califats. : Les 4 Califes Orthodoxes(Erachidouns), Omeyyades, Abbassides, Ottomane ou Andalousie musulmane. La musique est un élément vital et indissociable de la vie, même le dogme rigoureux des Wahabites n’a pu l’interdire explicitement. Une arme à mon humble avis à double tranchant, comme ce couteau avec quoi on coupe du beurre ou on fait avec le pire des horreurs. 

 

Si l’art du sawt et du ghina  n’a  pas été si rayonnant et si raffiné aux temps des quatre premiers califes (Aboub Bakr, Omar, Othmane et Ali), c’est que l’urgence et l’occupation majeure  étaient de propager l’islam et de le protéger contre ses ennemis. C’était le temps de la fondation de l’état islamique. Puis vienne l’époque des Omeyyades (610/750 après J.C.), cette tribu qorayshites hostile au début au prophète Mouhamed ( SSL) et qui réclamait le califat depuis la mort du Calife Othmane qui était des leurs, un Beni Oumaya.

 

À cette époque là il y avait des chanteurs ou musiciens renommés à Medine et à la Meckke :

 

- À Médine : Said El Khatib (mort en783) ; Touways (632/711) ; Youcef El Khatib (mort en 765) et des femmes aussi ; ‘Azza Almayla (morte avant 710) ;  Djamila (morte vers 714) et d’autres …

 

- A la Meckke : Ibn Misjah (mort vers les 715) ;Ibn Souraidj (624/725)  et d ‘autres…

 

Le célèbre historien arabe Ibn Khaldoun écrivait dans l’un de ses ouvrages sur « l’art du chant » que « les arabes, durant leurs siècles d’ignorance (âsr eldjahili  avant l’avènement de l’islam) avaient une musique tout à fait rudimentaire, et que plus tard, en empruntant plusieurs modes à la musique persane, leur musique se perfectionna sensiblement ».

 

Ces suppositions apparemment  convaincantes peuvent être de nos jours vérifiées  avec  la désignation de la plupart des modes arabes qui ont un nom d’emprunt à la musique Persane. Exemple : Rast, Isphane,  Yakah,  Djaharka, Nahawend, Nawa etc. Pour ma part, j’estime que la musique arabe avait peut être au départ subi des influences des autres civilisations dominantes, mais par la suite elle a eu ses propres règles, qu’on peut aussi remarquer aisément avec l’appellation de beaucoup de modes avec des noms arabes, tel que : Hihaz, Kurde, Mouhayar, Rahat Elarwah etc.


Abou – Faradj – El Isphahani (Perse, 897/967) dans son ouvrage « El aghani » avait rapporté qu’un « arabe nommé Said Ben Mouçadjidj, se sentant des dispositions pour la musique, partit pour la Perse au milieu du 1er siècle de l’hégire (Elhidjra) pour s’y perfectionner dans cet art. Il y étudia le jeu des instruments de musique et la pratique de la musique persane ; à son retour, passant par la Syrie, il étudia aussi la musique des différents peuples. Lorsqu’il revient au hijaz (l’Arabie), il reforma la musique arabe par de légères suppressions et additions, c'est-à-dire en adaptant seulement à cette musique ce qui lui avait plu dans le chant des perses et des grecs de Syrie, et en renonçant à ce qui n’était pas conforme au goût arabe ».


On racontait aussi  que des chanteurs et des ouvriers qui rénovaient la Kaaba sont arrivés à la Mecque et les arabes commençaient à imiter leur chant. Des historiens Européens avec subjectivisme et parfois par méconnaissance affirmaient que la musique arabe fut calquée sur la musique persane qui est une musique plus raffinée et que les instruments comme le Barbat (le luth perse) sont bien plus perfectionnés si bien que les arabes s’empressèrent d’adopter.

 

À la période Omeyyade, des Califes encourageaient la pratique de la musique et certains étaient des mélomanes et même  musiciens.

 

Pour clore ce bref aperçu de la musique aux temps des Omayyades, je mentionne ici un récit rapporté sur Djamila la médinoise :  Abou el faradj (897/967) avait écrit que Djamila organisa une grande fête de trois jours après son pèlerinage aux lieux saints de l’islam où elle avait invité des chanteurs et des musiciens, la danse, la poésie et le chant étaient à l’honneur. Le troisième jour elle avait chanté et joué avec le luth accompagné par cinquante musiciennes avec leurs luths. Ce fût un spectacle admirable, elles ont joué toutes comme une seule »

 

 Avec ce récit, on peut déduire que la musique à cette époque était monophonique, jouée à l’unisson, comme c’est le cas de nos jours dans nos musiques traditionnelles,   dites « musique andalouse »  avec  ses dérivés.  

 

A suivre mes Zeriabiyats…

 

Mouats Hafid, le 13 juillet 2014.

 

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06 Zeriabiyates Mouats Hafid.

 

 

06- La musique aux temps des Abbassides.

 

Nous avons vu comment la musique  avec la poésie à l’époque de l’ignorance ( lajahiliya) ont été indissociable des modes d’expressions chez les arabes de la péninsule et chez toutes les régions voisines où des civilisations avaient immergé :Perse, Turque seldjoukides, Assyriens, Araméniens, Byzantins etc.

 

Avec l’arrivée de l’islam, un nouveau rayonnement a été observé, tantôt spirituel et moral et tantôt scientifique.  Ce monde a été d’abord sous l’emprise de deux civilisations dominatrices dans la région, Perse et Romaine,  avant de se déployer vers une autre nouvelle civilisation,celle des musulmans.

 

Si la musique au temps des quatre califes orthodoxes n’était pas explicitement interdite, du temps des Omeyyades à partir de 661  après J.C, elle avait pris une autre dimension, avec la suprématie des styles Elhouda des Mekkois et Médinois. A l’arrivée es Abbassides qui avaient détrôné les Omeyyades en 750 après J.C. ,l’ascension de la pensée humaine allait être déterminante avec  l’essor d’une nouvelle tradition, enrichie par l ’apport des cultures des peuples qui se sont islamisés. Dans cette période, la musique a subi une évolution remarquable avec  l’épanouissement culturel,  spirituel et scientifique durant des siècles plus tard.

 

Là, la musique a été enfin codifiée avec un système musical,basé au début sur des traités des penseurs grecs qui étaient traduits à la langue arabe pour les rendre accessibles. Depuis, la musique n’était plus considérée comme un divertissement pour le bas peuple et les esclaves, principalement de femmes, mais belle et bien s’était métamorphosée en une science et en pratique d’art valorisant. Ce n’est par hasard si de grands savants musulmans s’occupaient aussi de musique, de son histoire, de sa relation avec le céleste,avec le tempérament humain, philosophie inspirée de la théorie de l’ethos de l’antiquité grecque et que les musulmans avaient étudié minutieusement.

 

Un Mansour Ezolzol (791), oncle d’Ishaq El Maoussili,  maître de Zeriab le légendaire, avait lu et contredit les lois de l’harmonique de Pythagore l’Athénien (580 avant J.C.), il avait aussi réinventé le luths dit« oud echaboutes » (en forme du poisson chabot), que nous utilisons toujours de nos jours « le oud echarqi). Les Maoussili Ibrahim et son fils Ishaq étaient les premiers à introduire la musique dans les palais des califes Abbassides et qui fréquentaient les érudits et les émirs.  Ishaq était membre de la célèbres «  Beyt El Hikma » où se traduisaient vers l’arabe les livres de sciences de toutes les civilisations.  Il avait rédigé des livres dont sept uniquement sur la musique,  comme le livre « kitab mousaouiyèt Elouatriya » (le livre des instruments à cordes). 

 

Cette épopée aussi avait engendré un érudit comme El Kindi(800/873, né à Koufa en Irak),  cet homme de science qui fut aussi le premier musicologue à cette période - là.Précurseur de la théorie de la musique arabe avec l’école des oudistes sur les assabiâs (mesure des sons par les doigts sur le manche d’un luth), où il avait  défini les gammes arabes dans  le système de frettage ( edassatines) sur un manche du luth. Bien qu’il s’inspirât des anciens modes grecs, il écarta toute influence des musiques étrangères à la péninsule arabique, capable de déceler les intrusions en matière de mélodies exotiques. 

 

Puis vient « El Farabi » (872/950, né à Alfarab,actuelle Kazakhistan) ) un autre grand érudit musulman sunnite, revendiqué parles turcs et les arabes  car il avait étudié à Baghdad. On lui doit l’invention du qanoun est ces micros intervalles encore plus fractionner  que ceux d’El Kindi sur le luth.  Aussi il avait  développé une autre théorie des micros intervalles par le biais d’un instrument dérivé du luth qui est le tanbour de Khorassam. Cet instrument à bras long était sujet à polémique entre les partisans de l’école des oudistes, si chère aux Maoussili et El Kindi et les réformateurs qui on suivi la Théorie d’Elfarabi, les Turcs et les Perses.  Dans son « kitab elmoussiqa elkebir » El Farabi avait encore rétrécie les distance sonore entre deux notes (ou sons) voisines. Les oudistes s’accrochaient à la théorie des doigts d’El Kindi où le ton (distance sonore entre deux notes voisine) est divisible par quatre : soit enem ¾ de ton ; el araba (dièse et bémol) ½ ton et le 1/4 de ton, enim  le tout est égal à 1 ton, elbouêd elkamel.  Par contre dans le système El Farabi le ton est divisible en 17 micro-intervalles et dont 9 notes dites « notes aux commas » , qui seulement sont audibles par l’oreille humaine. De là est née la polémique puis la démarcation entre la musique arabe et la musique Turque et Perse.

 

Cette polémique a été ressortie des siècles plus tard,exactement en 1932 au fameux et unique congrès du Caire. Les turcss et les Iraniens tenaient à la théorie d’El Farabi et les Arabes à  l’école des oudistes. Du coup, les maqamets ui pourtant avaient presque la même origine se retrouvent en décalage entre les deux tendances. Les arabes dans leurs modes (maqamets) utilisaient lesquarts de notes (ou quart de ton) alors que les Perses et les turcs utilisaient d’autres micro intervalles pour former leurs modes. Ainsi, le mode Rast (mot Perse qui signifie oblique, droit) des arabes par exemple, ce mode majeur chez les orientaux, sa tierce ou troisième degré et sa septième,  ne sont  ni majeur ni mineur comme celui de l’occident (distance de deux tons ou d’un ton et demi avec la fondamentale) mais plutôt d’un ton et¾ de tons ( c’est la fameuse tierce de la wosta Zolzolienne qui avait créé autrefois aussi polémique entre es pythagoriciens et l’école arabe des oudistes. Pour les perses et les turcs ils utilisent d’autres micro intervalles qui sont le 1/5, le 1/6, le 1/8 , le ¼, en plus  des tons et demi tons utilisé par  les arabes.

 

Parmi les savants pluridisciplinaires qui avaient écrit aussi sur la musique, il y a Ibn Sina (980/1037) , né en Ouzbekistan actuel,qu’on appelé alors «  le prince des savants » avait  écrit sur la musique . Comme sur « ladéfinition de la note (naghma) », sur les intervalles ( elab’âds), lesrythmes,  la science de la composition des mélodies, sur les instruments de musique et même sur les nuances et les effets sonores que nous connaissons dans le solfège actuel : équivalents du vibrato, glissondo, dolce, tempo, lento, presto, moderato etc …. Ibn Sina considérait la musique comme une branche des mathématiques et recommandait son apprentissage et son étude aux enfants.

 

Il y avait aussi au 10e siècles « les frères de la pureté ( Ikhwan essafa) qui avaient étudié et publié des livres sur la musique. El Khatib, Ibn Ahmad, Safi Eddine Ibn E lmouemin Al Amaraoui et d’autres …

 

Je termine en soulignant que les musulmans avaient pleinement contribué à l’élaboration de la théorie universelle de la musique.Les européens avaient étudié les théories des musulmans en matière de musique pour faire cette codification des signes qu’on nomme aujourd’hui :« le solfège ». Les 7 notes du moine Guy d’Arezzo ne sont que les notes identifiées par El Kindi et désignées par des lettres arabes. 

 

Dans cette atmosphère de science et de spiritualité, de grands hommes avaient immergé et cela dans tous les domaines. Zeriab faisait partie de ces lumières qui avaient jeté les bases des civilisations venues après ceux des musulmans, de Baghdad jusqu’en andalousie.

 

Suivez mes Zeriabiyates…

 

Mouats Hafid, août 2014.

 

El KIndi

 

  elkindi

 

Al Farabi

  Al-Farabi

 

Ibn Sina

 

ibn sina

 

 

Les frères de la pureté

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Zeriab

ZIRAYB 2 54312 lg

zeriabiyats mouats hafid

 

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07-Zeriabiyates Mouats Hafid.

07- Zeriab et l’école des oudistes (luthistes)

Réprésentée par les  Maoussilis et El Kindi.

 

Au moment où Zeriab vivait à Baghdad, le oud avait sévi sur  tous  les autres instruments à corde utilisés alors, comme : la harpe (El kinara), la lyre (sanj ou jank) ou le fameux  le tanbour (oud à manche long, à caisse circulaire ou quadrangulaire).   Consacré, car toute la théorie  de la musique arabe reposait  sur cet instrument. Il avait quatre cordes (doublées), accordées en quartes successives. Il a été rénové par le musicien Mansour Zolzol (oncle d'Ishaq El Maoussili) au 8eme siècles, cette forme de luth là ( oud echabout)  nous l’utilisons toujours de nos jours.

C’est un certain Said El Khatib El Moukhanets (mort en 683 au  temps du calife  Yazid l’Omeyyade), qui avait pris le premier le luth « Barbat »  perse selon des auteurs, rebaptisé en « oud » par les Arabes. Cet instrument était surtout joué par des femmes esclaves nommaient «  Qiyan »,pluriel «  qayna ». Les rares hommes qui jouaient avec cet instrument sont appelés « les Moukhanets », qui signifie : efféminé ou homme chantant dans le registre aigu. 

À la cour des Omayyades,  la tradition établie était  que les hommes chantaient en solo et les femmes faisaient les réponses. Lors du récital donné devant les Califes, les musiciens et chanteurs  sont  derrière un rideau  ( sitr ou sitar). C’est le Hajib (le Chamberlain) qui introduisait les musiciens et leur donnait l’ordre de commencer leur récital (nouba, au temps des Abbassides). Ce n’est qu’à l’époque Abbasside que le rideau a été supprimé grâce à la réputation des Maoussilis et leur disciple Zeriab. C’était dans l’esprit de ne pas se dérober devant les souverains qui cachaient leur débordement, parfois en se passionnant du tarab*  qui leur fait griser la mine et les emportés. Au point où dans le « kitab el Aghani » d’El Afaghani, ça été rapporté qu’un souverain prenait du vin de date (effectivement certains rares Califes s’enivraient), tout en s’émouvant avec le chant et la musique,  il s’était jeté avec ses habits dans un bassin remplie de vin et d’eau.   

Dans le «  Kitab el Aghani » on lit aussi que le chanteur « Foulayha » sous le Califat d’El Mahdi l’Abasside (règne de 775 à 785) était  le premier à se placer devant le rideau en chantant face au  souverain. Avant l’arrivée de Zeriab en Andalousie,les chanteurs se produisaient derrière le rideau comme aux  temps des Omeyyades et ce n’est qu’après son arrivée en 822 en Andalousie que cette  pratique a été supprimée, en raison de la forte  amitié entre Zeriab et l’Emir Abderahman II,celui qui l’avait reçu à  Cordoue avec Faste et honneur.

Ainsi, l’école des oudistes reposait principalement sur la théorie des intervalles entre les  notes,identifiées sur le manche du luth à 4 cordes. El Kindi qui fait partie de la démarche des Maoussilis nous décrit le oud comme un instrument accordé en quartes successives. Sa méthode d’accordage était simple et ingénieuse. En ces temps-là, un instrument de mesure pour accorder les cordophones  n’existait pas encore. (comme le diapason métallique en forme de U avec la note La 440 Hz, qui a été inventé beaucoup plus tard).

Le son le plus grave de l’homme est pris comme référence, identifié plus tard comme la note La Achirene, c’est la 1ere  corde grave connue sous le nom de« Bamm », elle est de couleur noire et faite de soie effilée ( Harir el ibrissen el melfouf). Cette corde était tendue  jusqu’à égaler la voix grave. Puis, à l’aide des 4 doigts qu’on place sur le manche, on obtient les autres notes :

 On procédait ainsi :

L’index (السبابة)appuyé sur la corde Bamm  est placé à 3 doigts du sillet du luth (el an’f), et qui donne un intervalle d’un ton pythagoricien (bo3d ouahad). (Le doigt d’El Kindi selon des chercheurs était de 1,62 centimètres,soit 3 x 1,62 = 4, 62 cm du sillet). C’est la note Si, désignée par la lettre arabe  jim (جيم),pour trouver la note Do (دال) on descend de deux doigts du Si avec le majeur (الوسطة), puis en  descend d’un doigt du Do pour obtenir un Do dièse (حا) avec l’annulaire  (البنصر), en descend d’un doigt avec l’auriculaire (الخنصر) et on obtient la note Ré (واو). Si nous utilisons le même procédé sur les autres cordes, on trouve toutes les notes sur le manche du luth,  jusqu’à l’auriculaire de la 4eme corde aiguë.

El Kindi désignait les notes par des lettres de l’alphabet arabe. Voir sur ce graphisme du manche.

Les notes de musique universelle actuelles connues chez les Grecs et les arabes par les lettres d’alphabets, ont été inventées ou attribuées au moine Gui d’Arezzo au 11eme  après J.C. Selon les 1ers syllabes d’un chant en latin « Hymne de Saint-Jean » :

Ut queant laxis, pour que puissent (remplacée car peu lyrique  par Do du nom de son inventeur Dolomi.)

Résonaré fibris, résonner les cordes

Mira gestorum, détendues de nos lèvres

Famili tuorum, les merveilles de tes actions

Solve polluti, ôte le péché,

Labii reatum, de ton impur serviteur

Sancté Iohannes, ô Saint Jean.


Les cordes du luth décrit par El Kindi :

 

- 4eme corde grave le bamm, note La, en soie de couleur rouge,   symbolisa  l’élément terre et correspond au tempérament mélancolique. *

- 3eme corde el mathlat, note Ré, en soie de couleur blanche, symbolisa  l’élément eau , correspond au tempérament flegmatique.

- 2eme corde el mathna, note Sol, en boyau, intestins d’animaux dont des lionceaux. De couleur rouge, symbolisa l’élément air, au tempérament sanguin,

- 1ere corde, zir, note do aigu, en boyau,de couleur jaune, symbolisa l’élément feu et à tempérament bilieux.

 

El Kindi avait mentionné une 5eme corde théorique et non montée sur le luth. C’est le 2eme Zir de couleur rouge aussi et faisait la synthèse des 4 éléments, Tiré de la théorie philosophique des grecs connue sous le nom de philosophie de l’éthos, étudiée autrefois  par les musulmans et qui consistait à étudier les caractères habituelles des êtres humains, avec leur tempérament en relation avec le céleste. La manière d’être d’une personne, ses habitudes, comme la mollesse, la joie, le courage, la tristesse etc… Cette philosophie apparue dès l’antiquité où les concepts musicaux se confondent avec le cosmique, ainsi,  on faisait correspondre les 7 planètes avec es 7 notes de musique de la gamme ascendante dite sidérale.

Plus tard en Andalousie, on a fait correspondre leurs 24 modes avec les 24 heures et leurs 24 noubas (sujet à polémique de nos jours).

Gamme Sidérale :

-         Si Saturne, samedi; Mi, le soleil,dimanche ; La, la lune, Lundi ; Ré Mars , mardi ; Sol, Mercure,mercredi ; Do , Jupiter, jeudi ; Fa , Vénus, vendredi.

 

Avec la théorie des doigts ( el assabiâ) El Kindi faisait des démonstrations dans son livre  "kitab mousaouiyat alouatriya" en s’inspirant du sonomètre (le monocorde) inventé par Pythagore ( 5 siècle avant J.C.),  mais El Kindi utilisait les doigts sur les cordes du luth. Pythagore  prenait une corde vibrante qu’il délimite par deux extrémités ( 2 sillets) en fin de parcours de la corde, puis la faisait vibrer à vide afin de donner un son. Puis il place sur une deuxième cordes  un chevalet  au beau milieu de cette corde, il obtient une proportion selon des calculs de fractions mathématiques, qu’il nomme 5eme degré ou quinte. Il déplace le  chevalet sur des proportions des cordes jusqu’à  9 proportions. Ainsi,  il obtient une corde divisible par 9. En succédant les cycles des quintes, ex : do /sol, ré /la, mi /si etc …(qui étaient désignées avec les lettres de l'alphabet latin),  les demi tons seraient  identifiés, ce qui donne alors 12 demi - tons dans la gamme dite naturelle.    

À l’époque d’Elkindi, le ton (elboêd)  dans la musique arabe était divisible par 4, selon le placement des doigts sur le manche du luth. Ce quart de ton n’est autre que la tierce neutre de MansourZ olzol qui l’avait défini et que les Arabes l’ont suivi jusqu’à nos jours : ainsi la tierce du Do qui est le Mi, avec le réformateur Mansour Zolzol, elle est ni majeur ( intervalle de deux tons), ni mineur, (intervalled’1 ton et un demi) comme l’avait voulu Pythagore, mais elle est Zolzolienne et se situe entre  le 2eme et le 3eme degré de la gamme naturelle, c'est-à-dire 1 Mi demi bémol, exécuté sur le oud avec l’indexe, (essebaba) de la 3eme corde mathlat, ré ,c’est ce fameux quart de ton qui caractéristique les ramifications des maqams ou gammes arabes jusqu’à nos jours. (sauf que de nos jours le quart de note est encore un sujet à polémique: le quart de ton représente t-il 20 pour cent, 30 pour ou 40 pour cent ? Lors de ce congrès un consensus fragile a été retenu, sauf que les turcs et les iraniens présent dans ce congrès l'avaient refusé, et oui... l’éternelle  polémique entre tanbouristes et oudistes  ).

Avec l’école des scolarises dont fait partie El Kindi, leton était divisible par 9 intervalles mais la gamme (ou échelle) arabe est divisible par 24 quarts de ton. L’école des systématistes représentait par Al Farabi, Ibn Sina, Safieddine el ourwani etc. subdivisent le ton en 17 parties inégales, tout en gardant l’échelle de 24 quarts de tons. Ces derniers, du fait des 17 intervalles dans le ton, ils utilisent dans leurs musiques, le 1/8 de ton, 1/6, 1/5 en plus des demi tons pythagoriciens et la tierce neutre de M. Zolzol, le quart de ton.Cette théorie des systématistes a été bien définie en plaçant de nouvelles ligatures ( frettes) sur le tanbour à manche long et l’innovation du qanoun (ex cithare grecque)  en lui ajoutant d’autres sillets ( maqinats) pour produire les micros intervalles que j’ai mentionné plus haut.  Telle est la particularité entre la musique arabe d’un côté et la musique Perse et turque de l’autre autre. Sinon, elles sont toutes à base modale et monophonique. C'est-à-dire exécutées à l’unisson et sans superposition des sons à la verticale, base de l’harmonie occidentale que tous les orientaux avaient refusé et jamais adoptée.  

 Zeriab, lorsqu’il s’était installé à Cordoue en 822, il avait ramené avec lui l’école des scolaristes si chère à son maitre Ishaq EL Maoussili, qui capable de déceler des intrusions de la musique Persane,  Bizantine où,  d’ailleurs il était un farouche opposant à toute influence en dehors de l’école traditionnelle de Medine et la meckke.

Posons nous alors une question pertinente, « Si Zeriab faisait partie de l’école des scolaristes »  incarnée par les oudistes, donc à sa venue en occident, il était le premier à introduire le oud à Cordoue avec l’utilisation du quart de ton dans sa musique et chant, « quand exactement a été évacué ce quart de note ? » substitué après sa disparition un peu plus tard  par des notes avec gammes dites tempérées, quine renferment que des tons et des demis tons comme ceux de l’occident, adoptés du système grec.

En cherchant toujours, je commence à déceler certains éléments que je développerais sur les prochains billets et qui nous éclairent un peu sur cette grande question, s’agit-il de la période où avait vécu IbnBaja, (Avempace, Ibn Baja (ابن باجة en arabe ou Abu Bakr Mohammed ben Yahya ben as-Sayegh (أبو بكر محمد بن يحيى بن الصايغ),philosophe, médecin, astronome, géomètre, musicien et poète andalou, né à Saragosse,et mort empoisonné à Fès,après un passage par Oran.) Celui à qui on doit la composition de beaucoup de  noubas (…) sous une autre redéfinition et en se soumettant à l’influence de la musique des chrétiens andalous ? Ou bien la cause c’est ’insertion des instruments  cordophones à frettes qui ont supprimé la tierce Zolzolienne ? Spécificité de la musique arabe et qui ont altéré la musique arabe de Zeriab, en se métamorphosant en « musique arabo-andalouse », où,  désormais, la poésie mouwachah avait remplacé la célèbre qaçida de la péninsule arabique. Un autre monde était  né, très loin des territoires de la grande Arabie.

 

Qanûn arabe : L'instrument est accordé selon la gamme du do  majeur pythagoricien, en partant du Sol n°2 et en choisissant une position pour les sillets (maqinats) de chacune d’elles. Pour produire des maqams , il faut  abaisser ou élever  certaines notes avec les sillets (leviers ou maqinats) (là on évacue  le tempérament égal,  pour rentrer dans les combinaisons des maqams).

En soulevant les leviers  2 et  4 en permettant des progressions par ¼de ton (Le système ¼ de ton ancien a été adopté lors du 1er congrès de la musique arabe en 1932. Mais de nos jours, il existe des qanûns arabes avec plus de leviers).

Qanoun turc et Perse, il possède jusqu'à 12 leviers car dans leurs systèmes il y  d'autres plus petits intervalles.

 

* Tarab = Le tarab désigne l’émotion poétique et musicale, faisant appel à un large spectre de sentiments, des plus intériorisés aux plus violents : plaisir, délectation, choc émotionnel, exaltation et même u ne transe pouvant provoquer la mort. (…)
L’étymologie pourrait provenir de l’excitation des chameaux, pressant le pas pour revenir au campement (tirâb). Très tôt, le tarab est lié à des phénomènes sonores naturels comme le chant des oiseaux (‘Imru al Qays, in Lisân) oul’effet des chants de chameliers sur leurs montures, chants dont l’origine elle-même serait un cri de douleur.

À l’époque classique, le mot tarab implique l’idée d’une agitation plus ou moins régulière : le ‘Iqd al-Farîd décrit le calife Mu‘âwiya trépignant à l’écoute de beaux vers chantés ; le prophète Dâwûd est présenté comme fébrile et tressaillant lorsqu’il chante les Psaumes ; Ibn al-Djawzî condamne le tarab« parce qu’il excite l’être humain et le fait pencher à droite et à gauche ».(…) Définition partielle selon le Pr Saadane Benbabali, voir son blog : http://adabarabiqadim.blogspot.com/2009/09/tarab-ou-lemotion-poetique-et-musicale.html.

 

 À suivre mes Zeriabiyates…

> Mouats Hafid, Août 2014. 

 

Le manche du luth et les notes selon la présentation d'El Kindi. 

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Monocorde (ou sonographe)

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 chevallet ou sillet du qanoun, en position mi naturel

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en position mi bémol

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en position mi demi bémol.

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Tanbour et tanboura, avec ligatures.

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 tanbur.jpg

 

 zeriabiyats mouats hafid

 

 

 

      Chers lecteurs, j'ai céssé temporairement de publier mes billets sur le legendaire Zeriab, vu le désinterressemnt totale sur le sujet par nos lecteurs. J'ai publié mes billets sur facebook afin d'amorçer  des débats et échanger des informations sur ce personnage légendaire, hélas... pas ou très très peu de répondant. 

Je reviendrai un jour inchallah sur le sujet.

 Mouats Hafid, le blogeur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


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